Résumé : | En 2002, le rapport du doyen Yvon Berland1 prévoyait une rupture de l’offre de soins médicaux en France dès 2010. Depuis, des stratégies ont été envisagées pour éviter des conséquences dramatiques pour la santé publique. La reconfiguration des contours des professions de santé a été identifiée comme une solution prometteuse. Toutefois, pour la profession infirmière, son opérationnalisation revèle des différences conceptuelles importantes. D’un côté le transfert de tâches, privilégié actuellement, laissant au médecin l’intégralité de la décision clinique. De l’autre, le concept de pratiques avancées en soins infirmiers, qui a montré ses avantages à l’étranger. Il privilégie le développement de l’expertise infirmière associé à une extension de son domaine de compétences. Suite aux expérimentations réalisées et aux recommandations formulées par la Haute Autorité de santé (HAS), la loi “Hôpital, patients, santé et territoires”2, a introduit la notion de “nouvelle coopération des professions de santé”. Elle permet de valider localement des mesures dérogatoires permettant, au grés des besoins, d’autoriser des professionnels de santé à modifier leur champ d’exercice officiel, selon un protocole nominatif validé. Aussi, est-il nécessaire que toute infirmière soit familiarisée avec cette nouvelle disposition législative. Il est essentiel qu’elle connaisse le processus de rédaction, de validation et d’opérationnalisation d’un protocole de coopération ainsi que les différents acteurs qu’il implique : directeur d’établissement, agence régionale de santé et HAS. Cette dernière a élaboré un guide méthodologique pour faciliter ce processus. Cette approche locale et nominative questionne la dynamique interne des établissements de santé d’autant plus que leur taille est grande. Certains, tels que l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, ont engagé une réflexion interne afin d’accompagner ce changement. Rédiger un tel protocole permet aux professionnels de formaliser des ajustements jusqu’alors réalisés de manière tacite au gré des situations rencontrées. Cette démarche ne peut ignorer le point de vue des patients tout comme les conséquences induites en terme de responsabilité et de régulation professionnelle. Le positionnement des infirmiers engagés dans cette rédaction sera déterminante sur les orientations nationales découlant de cette nouvelle coopération. “Infirmière de pratiques avancées” ou “assistant médical”, là est l’enjeu fondamental pour la profession infirmière. Mais pour la population, il réside dans le niveau de qualité souhaitée pour les soins de demain. |