Résumé : | Les dépressions majeures et mineures sont fréquentes chez les personnes âgées en maison de retraite. Ce point d’observation classique rend compte de nombreux facteurs favorisants tels l’ennui et l'inactivité, la baisse de la compétence fonctionnelle, la perte d'autonomie personnelle et la confrontation inévitable avec l’idée associée de processus de mort prochaine combiné à l’institutionnalisation. De plus, les résidents de maison de retraite ont pu avoir des antécédents de dépression ou peuvent être admis dans l’institution déjà porteurs d’affects dépressifs ou objets de formes dépressiogènes de maladies chroniques. Les médecins intervenant sur les maisons de retraite sont souvent mal préparés aux diagnostics psychiatriques et à leur prise en charge. Les conséquences de la dépression non diagnostiquée et non traitée sont importantes. La dépression dans les institutions a un mauvais pronostic, avec des conséquences médicales, sociales et financières négatives. Les coûts financiers sont essentiellement supportés par les résidents, qui endurent de plus la douleur morale liée à la maladie dépressive, a fortiori lorsqu’ils incarnent un certain mal être pris dans une souffrance globale, synonyme d’un mal de vivre dont l’expression n’est pas sans renvoyer à la société l’écho de sa négligence et de son inattention. Celle-ci est d’autant plus cruelle qu’elle fait fi d’une défaillance bien particulière de ses aînés, assurément singulière quand elle touche à l’art de retraiter sa vie, opération existentielle qui attend pourtant chacun d’entre nous en tant qu’être avançant en âge et confronté à une mutation identitaire, passage obligé vers l’au-delà de la vie professionnelle. Seule la recherche épidémiologique utilisant des critères diagnostiques validés et une évaluation directe des résidents, couplés à une écoute en profondeur de l’être vieillissant, établiront l'ampleur exacte des besoins d'interventions auprès des patients déprimés dans les institutions |