Résumé : | ’autisme et les troubles envahissants du développement (TED) sont des troubles neurodéveloppementaux qui débutent durant les premières années de vie, caractérisés d’un point de vue clinique par : 1) des altérations qualitatives des interactions sociales, 2) des altérations qualitatives de la communication, et 3) un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé et répétitif (American Psychiatric Association, 2000 ; World Health Organization, 1992). Les études épidémiologiques récentes indiquent que les TED, aussi dénommés « Troubles du Spectre Autistique », sont relativement fréquents, avec une prévalence d’environ 0.6 % (Fombonne, 2003). S’il existe actuellement un large consensus sur les bases neurobiologiques de l’autisme (Moldin Rubenstein, 2006 ; Volkmar et al., 2005), les relations entre les facteurs neurobiologiques et les processus cognitifs et émotionnels qui modulent les comportements atypiques restent à définir. Durant les dernières décennies, des progrès considérables ont été faits dans l’individuation des anomalies cognitives et neuropsychologiques associées à l’autisme. Malgré ces avancées, un modèle conceptuel cohérent en mesure d’intégrer les divers déficits entre eux et avec les diverses manifestations cliniques n’a pas a encore émergé (Frith, 2003 ; Surian, 2002). Les recherches expérimentales et les modèles théoriques prédominants soutiennent, dès les années 1980, que l’autisme implique des déficits neuropsychologiques fondamentaux et durables qui ne sont pas une simple conséquence de la compromission du développement social ; il existe toutefois encore un désaccord important en ce qui concerne leur spécificité et leur universalité.
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Dans cet article, nous présenterons les trois principaux modèles théoriques neuropsychologiques : le déficit de mentalisation (ou déficit en Théorie de l’Esprit), le déficit des Fonctions Exécutives (FE) et la Faible Cohérence Centrale (FCC), différenciés selon deux perspectives : la perspective « spécifique » et la perspective « générale ». Seront discutées ensuite les différentes hypothèses des liens qui existent entre les anomalies neuropsychologiques : les hypothèses qui supposent un déficit cognitif « primaire » qui causerait toutes les autres anomalies, cognitives et cliniques, et les hypothèses qui supposent la présence de “déficits cognitifs multiples” indépendants. Nous exposerons ensuite les principaux axes de la recherche à venir sur la neuropsychologie de l’autisme. Enfin, dans la dernière partie de l’article, nous proposerons quelques réflexions méthodologiques et quelques conclusions générales sur les modèles théoriques présentés dans le cadre plus général de la recherche neuropsychologique sur les troubles du développement. |