Résumé : | Dans le soin kinésithérapique prescrit c’est le bilan initial qui autorise la prise en soin. Cette exigence s’applique au patient âgé comme à tout patient. L’enjeu de sa réalisation et de sa traçabilité dépasse le cadre réglementaire.
Le vieillissement ne se fait pas pour tous de la même façon. Il peut être réussi, usuel ou pathologique selon l’individu et ses conditions de vie. La polypathologie [1] est fréquente ; il y a parfois une perte d’autonomie [2]. La fragilité [3] peut venir s’insinuer et créer un état clinique instable. Elle expose le patient à un risque de décompensation susceptible d’évoluer en série. Les facteurs déclenchants du déséquilibre peuvent être internes ou en rapport avec l’environnement.
À la multiplicité des éléments à prendre en considération et à leurs intrications répond, en gériatrie, une approche bio-psychosociale, multidimensionnelle et pluridisciplinaire.
Le bilan kinésithérapique reflète cette complexité. Par une évaluation globale qui suppose de ne pas restreindre son regard à son champ d’activité strict, il s’intègre à la démarche clinique collective et rejoint le projet commun. Les données médicales qui renseignent sur l’épisode aigu, les différentes pathologies hiérarchisées, les antécédents et le traitement, lui sont nécessaires. Soignants, non soignants, proches sont aussi des sources d’information. Il se construit avec des éléments appartenant, pour certains, au domaine de la géronto-gériatrie et, pour d’autres, à celui de la kinésithérapie généraliste, polyvalente, que l’analyse rapportera dans le contexte gérontologique. Mais la manière de le réaliser réside dans l’attention portée au malade et à sa subjectivité.
Les déficiences [2], souvent multiples, et les incapacités [2] constituent et en même temps préfigurent autant de dangers et de difficultés que le soin va devoir anticiper, prévenir et combattre. Par-delà les limitations fonctionnelles, l’évaluation repère les capacités du malade pour mieux les solliciter et les optimiser. Mettre en évidence ces éléments cliniques, sans attendre et de la façon la plus complète possible, apporte une meilleure compréhension des enjeux, considérables pour le malade parce qu’ils concernent son autonomie, sa qualité de vie, sa vie même. C’est la précision des évaluations qui permet de définir des objectifs de soin personnalisés, car si les objectifs restent flous, les moyens le seront aussi. |