Résumé : | « Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres et à donner l'apparence de la solidité à ce qui n'est que du vent. » La lucidité critique dont Eric Arthur Blair, alias George Orwell, a fait preuve dans cette sentence n'est pas surprenante de la part de l'auteur d'Hommage à la Catalogne, de La ferme des animaux et de 1984. Visant en général tous ceux et celles qui gouvernent ou aspirent à gouverner les hommes, elle s'applique tout particulièrement, mot à mot, au discours néolibéral que pratiquent, depuis plusieurs décennies, l'immense majorité des chefs d'État et de gouvernement mais aussi le commun des chefs d'entreprise, sans oublier les journalistes qui leur servent de faire-valoir et de courtisans ou les universitaires qui leur apportent leur caution académique.
Opérant comme une idéologie justifiant les politiques néolibérales qui, à coups de déréglementation des marchés et de libéralisation des échanges, cherchent à asseoir la domination universelle du capital, synonyme d'exploitation aggravée du travail et de dégradation continue de la nature, ce discours constitue un nouvel avatar de cette perversion discursive pour laquelle Orwell a créé dans 1984 le néologisme de novlangue.
En renouant avec la critique marxienne du fétichisme économique, dont la fécondité théorique est ici une nouvelle fois illustrée, il est possible de mettre en évidence l'essence religieuse de ce discours qui n'hésite pas à proposer d'immenses sacrifices humains pour assurer la survie de la marchandise, de l'argent, du capital, du marché, de l'État, de la propriété privée, etc. [4e de couverture] |