Résumé : | L’épaule, dont la principale articulation est l’articulation gléno-humérale, doit assurer la mobilité mais aussi la stabilité du membre supérieur afin d’orienter la main dans l’espace.L’instabilité de l’articulation gléno-humérale se définit comme une translation en dehors des normes physiologiques d’un glissement de la tête humérale dans sa glène. Celle-ci, à 90 % des cas, dans l’axe antéro-médial.Trois principales étiologies à cette instabilité existent :– traumatique : macrotraumatisme fréquent dans les sports à contact (handball et rugby+++) ou dans les chutes (ski, certains arts martiaux...). À ce titre, l’activité sportive est responsable de plus de 50 % des instabilités gléno-humérales [1] ;– microtraumatique : sport avec armé du bras par exemple ;– atraumatique : hyperlaxité congénitale, objectivée par une rotation latérale 1 supérieure à 80°.Nous savons aujourd’hui que les sujets jeunes (< 20 ans), hyperlaxes (rotation externe > 90°, HAT (Hyper Abduction Test) comparatif > 20°), pratiquant un sport à risque (avec contact ou armé-contré) en compétition, présentent un risque maximum de récidive [2].L’âge du patient, par ailleurs, a différentes conséquences. Le risque de récidive est inversement proportionnel à l’âge de la première survenue [3].Le sujet jeune s’exposera donc à un risque accru de récidives, de l’ordre de 60 %. Quant aux sujets au-delà de 40 ans, une lésion tendineuse de la coiffe des rotateurs sera la principale complication.La présence de lésions osseuses sévères (fracture ou éculement de glène et/ou large lésion de Hill Sachs), ainsi que la présence d’une capsule antéro-inférieure déficiente sont des facteurs supplémentaires de récidive qui recommandent une intervention de stabilisation Chez tous les patients, une luxation risque de faciliter à plus ou moins long terme une survenue d’arthrose, d’instabilité chronique, de lésion nerveuse dont le nerf axillaire, d'une lésion osseuse et des douleurs résiduelles, environ 1 patient sur 3 à 8 ans...Enfin, nous observons chez les sujets jeunes une appréhension plus ou moins importante qu’il faudra prendre en compte et traiter. Cette appréhension est estimée à 1 patient sur 6 et responsable de difficulté à la pratique sportive par exemple.Le gold standard du traitement chirurgical de l’instabilité antérieure de l’épaule reste à ce jour la butée d’épaule à ciel ouvert.Cette intervention consiste à transférer un muscle et son insertion osseuse en avant de la glène et réaliser un hamac musculaire efficace en position d’armé du bras.Le maintien de cette butée se fait avec une ou deux vis qui permettent la consolidation de l’os, la butée étant debout ou, le plus souvent, couchée. Cependant, cette opération est souvent considérée comme difficile et risquée à cause de la proximité du plexus brachial et des vaisseaux axillaires, en-dedans de la coracoïde. Le positionnement de la coracoïde peut être difficile à cause de l’exposition limitée, en particulier chez les athlètes aux épaules très musclées.La malposition de la butée, sa fracture ou sa pseudarthrose sont des complications possibles qui peuvent compromettre le résultat de l’intervention conduisant à de l’arthrose ou des récidives. Le traumatisme musculaire peut être enfin sévère par une voie d’abord traditionnelle entre le deltoïde et le grand pectoral qui seront fermement réclinés par des écarteurs.Sous l’impulsion du Dr Lafosse, la butée antérieure d’épaule ou Latarget arthroscopique est entièrement réalisable sous arthroscopie. Elle combine les avantages du Latarjet à ciel ouvert (faible taux de récidive et bons résultats fonctionnels à long terme) à ceux de l’abord arthroscopique (traitement des éventuelles lésions associées comme les SLAP ou les ruptures de coiffe, positionnement précis de la butée et récupération fonctionnelle précoce). Lors de cette intervention, la butée de type Latarjet sous arthroscopie, est fixée couchée en position intra-articulaire, sans réparer la capsule et le labrum antérieur qui sont réséqués Notre démarche a donc été, lors de la prise en charge de nos patients souffrant d’instabilité gléno-humérale antérieure par butée d’épaule sous arthroscopie (Latarget arthroscopique), l’élaboration d’une collaboration renforcée et spécialisée dans le but d’offrir une épaule stable et fonctionnelle à nos patients.Cet article reporte cette prise en charge spécifique pour une nouvelle technique dans notre arsenal des instabilités de l’épaule.
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