Résumé : | L’instabilité chronique de la cheville comporte deux grandes entités souvent interconnectées : l’instabilité mécanique liée à des lésions traumatiques de la cheville (ligamentaires et/ou osseuses), et l’instabilité fonctionnelle liée à des défauts de posture ou à un déficit proprioceptif [1]. Ces deux types d’instabilité sont sous-tendus par des facteurs de risque intrinsèques, essentiellement morphologiques ou d’origine posturale et des facteurs extrinsèques d’origine environnementale (essentiellement sportifs ou professionnels, dont certains sont modifiables).
Les lésions capsulo-ligamentaires du compartiment latéral (lésion du ligament tibio-fibulaire antérieur ou LTFA et du ligament calcanéo-fibulaire ou LCF) entraînent une laxité latérale, élément déterminant et prédominant du contingent mécanique de l’instabilité chronique de cheville. Le mécanisme lésionnel est majoritairement le varus et l’équin (lésions du LTFA et du ligament cervical), parfois le varus et la flexion dorsale (lésions du LCF et du ligament interosseux talo-calcanéen).
Au cours des traumatismes en rotation forcée, elles peuvent être associées à d’autres lésions ligamentaires du complexe polyarticulaire de la cheville (lésions médiales et de la syndesmose tibo-fibulaire). Ces lésions, en grande partie dépendantes du mécanisme lésionnel et de son intensité, mènent au concept de laxité complexe de la cheville qui dépasse celui de la simple laxité latérale [2, 3].
Les facteurs favorisants de l’instabilité chronique, tel un varus constitutionnel de l’arrière-pied ou un déficit proprioceptif, ainsi que les lésions secondaires à la laxité (lésions ostéo-chondrales du dôme talaire, luxation et/ou lésions fissuraires des tendons fibulaires, conflits antérieurs ou postérieurs) doivent être traités en même temps que la laxité latérale.
Lorsque les traitements de rééducation (reprogrammation neuromusculaire, renforcement des muscles éverseurs, pré-activation musculaire) associés à la correction d’éventuels troubles morphostatiques (orthèses) ne suffisent pas, un traitement chirurgical est justifié. Une ligamentoplastie latérale en est l’élément fondamental ; elle doit permettre de stabiliser l’articulation à long terme et de réduire l’incidence de l’arthrose [4, 5].
Un bilan préopératoire exhaustif clinique et paraclinique est fondamental pour préciser les lésions ligamentaires et le caractère multifactoriel éventuel de cette instabilité. Cette « cartographie lésionnelle » permet de déterminer les modalités de l’intervention qui permettent de garantir un résultat fonctionnel satisfaisant. |