Résumé : | En réanimation néonatale, la prise des décisions de limitation ou d’arrêt de traitements, et leur mise en œuvre, se sont considérablement modifiées au cours des dernières années, notamment du fait de l’évolution des lois. L’amélioration la plus importante concerne la loyauté de l’information donnée aux parents et la prise en compte de leur point de vue. Rechercher le meilleur intérêt de l’enfant constitue une obligation permanente pour guider les décisions médicales. Le plus souvent l’obstination thérapeutique caractérisant la réanimation est raisonnable, car le bénéfice prévisible en est important (survie sans lourdes séquelles), et la charge correspondante (souffrances), modérée du fait d’un séjour en réanimation bref. Parfois elle est, ou devient déraisonnable au cours de l’évolution, car le bénéfice est très incertain, et la charge très lourde (souffrances majeures du fait d’un séjour en réanimation long et de traitements invasifs), obligeant à une ré-orientation des soins vers une approche palliative. Il faut s’efforcer de prendre ces décisions difficiles en partenariat avec les parents. La loi précise les autres conditions de ces prises de décision de limitation ou d’arrêt des traitements. Dans la grande majorité des cas, ces conditions peuvent être respectées, dans l’intérêt des patients. Mais, notamment chez le nouveau-né à terme, il persiste de rares situations cliniques qui, à notre sens, ne peuvent trouver de solution conforme à la fois au meilleur intérêt de l’enfant, à l’éthique et à la loi. Il nous semble qu’il faille alors donner la primauté aux deux premiers éléments auxquels s’ajoute la prise en compte du point de vue des parents. En revanche un respect particulièrement strict de la loi, amenant notamment à des arrêts d’hydratation–alimentation, ne nous apparaît respecter ni le meilleur intérêt de l’enfant, ni l’éthique, puisque ces arrêts ne respectent pas à notre sens les critères de bienfaisance et de non malfaisance. Aux limites de la viabilité, il est souvent souhaitable de prendre avec les futurs parents des décisions prénatales concernant l’attitude à adopter en salle de naissance. En cas de pronostic très défavorable, on peut prévoir d’adopter une approche palliative menant au décès dans le respect de l’éthique et de la loi. |