Résumé : | Des dizaines de millions de patients subissent tous les ans une intervention chirurgicale sous anesthésie générale dans le monde. Pour l’immense majorité des patients anesthésiés, les voies aériennes supérieures (VAS) sont manipulées et instrumentalisées par une prothèse ventilatoire.
En situation d’anesthésie réglée, l’incidence des complications liées à l’intubation de courte durée est faible. Cependant, d’après Dhonneur et Combes [1], « 80 % des lésions surviennent même lorsque les conditions d’intubation trachéale sont jugées simples et la durée d’anesthésie brève. Seules 20 % des atteintes laryngées semblent provoquées par des conditions d’intubation difficile. ». Elles peuvent se manifester aussi chez des patients intubés sans difficulté apparente et pour une courte durée. Cette réflexion est l’un des points de départ de notre étude.
Comme le soulignent Raynal et coll. [2], les traumatismes iatrogènes du larynx et de la trachée sont de 2 grands types :
– les traumatismes liés aux procédés d’assistance ventilatoire, en présence du ballonnet et des mouvements respiratoires ;
– les traumatismes laryngés ou trachéaux causés par la sonde oro-trachéale.
D’après Kotzki et coll. [3], les techniques de sédation ventilatoire contrôlée et la curarisation en réanimation dénaturent la physiologie des organes effecteurs du carrefour aéro-digestif et altèrent la synchronisation « apnée-déglutition », ce qui engendre des dysphagies.
Pour Raynal et coll. [2] la commissure postérieure, formée par les cordes vocales, les cartilages aryténoïdes et les muscles inter-aryténoïdiens, constituent une zone de fragilité, car elle est exposée lors des traumatismes instrumentaux et offre un point d’appui à la sonde qui vient se caler dans l’incisure inter-aryténoïdienne et peut être lésée lors de manœuvres internes. Cela nous donne une explication sur l’origine des dysphonies dont tous les patients se plaignent. Cela affecte particulièrement les personnes actives qui sont soucieuses de leurs capacités à communiquer dans la vie socio-professionnelle.
Dhonneur et Combes [1], comme Robert [4], reconnaissent que les mécanismes physiopathologiques impliqués dans les lésions de VAS ne sont pas encore complètement élucidés, compte tenu de l’absence d’analyse systématique des symptômes rapportés par les patients.
À ce jour, aucune mesure chiffrée des impacts lésionnels et fonctionnels des manipulations n’a été établie concernant les intubations oro-trachéales de courte durée.
Notre étude a été élaborée afin d’apporter un éclairage nouveau dans l’approche des symptômes de la dysphagie et dysphonie : en évaluant les retentissements de l’intubation sur l'hyper ou l'hypomobilité de l’os hyoïde et en quantifiant l’évolution de la dysphagie et dysphonie avec un traitement précoce en masso-kinésithérapie de 3 séances sur une semaine, en post-extubation.
Cette étude(1) a été réalisée en réanimation de chirurgie cardio-vasculaire sur une cohorte de 30 patients qui ont tous eu leur première sternotomie et leur première intubation oro-trachéale, sachant que le respirateur était toujours installé à leur gauche (caractéristique du service). L’analyse portera sur 2 types de population ayant eu une intubation soit de courte durée (groupe A), soit de longue durée (groupe B), avec leur groupe témoin respectif A’ et B’. |