Résumé : | En règle générale, du point de vue médical, le décès d’un résident d’Établissement pour personne âgée dépendante (EHPAD) est apprécié comme un événement convenu - qu’il soit attendu ou inattendu - et ne bénéficie pas d’une attention particulière au-delà du soin apporté à la rédaction du certificat de décès. A contrario, le décès d’un patient gériatrique en secteur sanitaire a toutes les chances de faire l’objet d’une revue de morbi-mortalité (RMM) destinée classiquement à identifier une défaillance dans l’organisation ou la dispensation des soins et à en déduire des axes d’amélioration. Les auteurs se sont posé la question de l’intérêt de mettre en œuvre une revue de morbi-mortalité au sein du Centre d’hébergement et d’accompagnement gérontologique de Pacy-sur-Eure (27), en s’interrogeant sur la faisabilité de la démarche, sur le choix des outils analytiques et de la méthodologie les plus adaptés, au travers de la réalisation d’une revue pilote et de son couplage à une étude cas-témoins. L’intérêt et la pertinence d’une revue de morbi-mortalité en EHPAD apparait clairement au vu des résultats qui font apparaitre les spécificités des résidents décédés [point GIR à l’entré plus bas, perte de point GIR plus importante, un score de Charlson et un degré de sévérité de l’échelle d’évaluation des comorbidités chez le sujet âgé Cumulative Illness Rating Scale-Geriatric (CIRS-G) plus élevés], et au-delà révèle deux populations distinctes de résidents : l’une cliniquement « bruyante » qui semble mobiliser des ressources importantes en soins actifs et l’autre cliniquement « silencieuse » qui semble mobiliser un accompagnement essentiellement éthique. La question de l’interprétation des résultats et de la construction des recommandations qui en découleraient entraine une discussion sur différents modèles disponibles et conclut de faire appel à l’approche cindynique pour éviter de tomber dans le piège restrictif de l’interprétation « évidente ». |