contenu dans / Marie ChoquetTitre : | Le cheminement des politiques publiques : prévenir et réduire les risques | Type de document : | Chapitre d'ouvrage | Auteurs : | Christophe Moreau, Auteur ; Jean-Paul Thomas, Auteur | Pages : | p. 265-279 | Langues : | Français (fre) | Résumé : | La prévention, plus facile à dire qu’à faire
Globalement, dans tous les pays occidentaux, la consommation d’alcool baisse fortement depuis un demi-siècle ; elle fut divisée par deux, en volume, entre les années 1960 et aujourd’hui, et il semblerait que cette diminution constante et généralisée dans nos pays soit connectée à l’augmentation du niveau d’éducation, notamment des femmes… Dans ce contexte, la part des consommateurs à risque chronique, chez les jeunes, que l’on peut estimer à 7 % (2 % des femmes, et 12 % des hommes entre 18 et 25 ans [1]Données irdes 2017., apparaît comme d’autant plus insupportable, ainsi que la progression des consommations à risque ponctuel chez les jeunes adultes.Depuis les premières campagnes anti-alcool et la création du Haut Comité d’étude et d’information sur l’alcoolisme (hceia, 1954), et la fameuse formule « L’alcool, voilà l’ennemi », l’action publique a beaucoup évolué. Depuis 1873, les représentants des ligues de tempérance réclamaient une action énergique du gouvernement en matière de lutte contre l’alcoolisme ; ils obtinrent, sous Poincaré, un enseignement sur les dangers de l’alcool (hygiène, morale, économie, politique) dans les programmes scolaires, première intervention publique sur les consommations juvéniles (1895). L’Association contre l’abus des boissons alcooliques, qui sera rebaptisée l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (anpaa), est constituée le 2 mars 1872 [2]1880, l’Association contre l’abus des boissons alcooliques…
. La loi sur l’ivresse publique est adoptée un an plus tard, en 1873. Le premier Congrès national contre l’alcoolisme est organisé à Paris en 1903.Néanmoins les consommations continuèrent d’augmenter, jusqu’aux années 1950. On assiste ensuite à une diminution de la consommation d’alcool, avec 28,6 litres d’alcool pur par personne en 1950, 25,9 litres en 1969 (hceia), 20 litres en 1980 (chiffres de l’ined puis de l’ofdt, rapportant la consommation d’alcool à la population de 15 ans et plus), 15,4 litres en 1990, 13,9 litres en 2000, puis 12,3 litres en 2010. L’action publique accompagne cette diminution : en 1956 toute consommation d’alcool dans les cantines des collèges est interdite aux moins de 14 ans ; en 1981 l’alcool est interdit dans toutes les cantines scolaires ; la loi Barzach, en 1987, interdit la publicité sur les chaînes de télévision, dans les enceintes sportives et dans les publications destinées à la jeunesse.La loi Evin, en 1991, réglemente la publicité pour les boissons alcoolisées, et interdit la vente d’alcool la nuit dans les stations-services. La publicité doit se limiter à la presse pour adultes et aux brochures commerciales, et ne peut utiliser les supports de la télévision, de l’affichage et du cinéma. Les contenus publicitaires doivent indiquer le degré d’alcool, l’origine ou la composition du produit et apposer la mention « l’abus d’alcool est dangereux pour la santé ».Mais ensuite une vingtaine d’amendements à la loi Evin sont proposés entre 2003 et 2015 ; 2009 voit advenir l’autorisation de la publicité pour l’alcool sur Internet, dans le cadre de la loi Bachelot qui interdit, d’autre part, les opérations commerciales de type happy hours et élève à 18 ans l’âge minimum requis pour acheter de l’alcool. On estimait, en 2006 en France, le budget publicitaire de l’industrie de l’alcool à environ 306 millions d’euros [3]Données tns Media Intelligence.
; il s’établirait aujourd’hui à 460 millions d’euros selon certaines sources.Depuis les premières campagnes anti-alcool, les acquis de la recherche et de l’expérience de terrain ont permis aux politiques publiques de s’appuyer sur différentes approches qui sont complémentaires. Tout d’abord, l’action sur la politique de l’offre, qui avait été particulièrement étudiée en Scandinavie : la tarification et la taxation des produits alcoolisés ont résolument un impact de réduction des consommations (Spach, 2016), mais sans doute pas auprès de l’ensemble des jeunes consommateurs. À l’échelle internationale, les travaux faisant le lien entre l’environnement (au sens large) et la consommation juvénile d’alcool se multiplient et leurs résultats convergent : outre le marketing, le prix des boissons alcoolisées, et l’accessibilité de l’alcool, le contexte socio-économique et le milieu familial sont des facteurs environnementaux qui influencent les jeunes et sur lesquels la promotion de la santé doit agir. | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
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