Résumé : | En France, au sein du secteur du travail protégé, les Etablissements et services d’accompagnement par le travail (ESAT) proposent depuis les années 50, des activités à caractère professionnel aux personnes en situation de handicap mental, psychique ou moteur. Malgré l’accueil d’un public dont la nature des handicaps est de plus en plus variée, le handicap le plus représenté demeure celui concernant le Trouble du développement intellectuel (TDI) [1]. Les activités se sont largement professionnalisées, depuis leur organisation jusqu’aux gestes techniques dont les apprentissages se conforment aux contenus des référentiels métiers de droit commun tels qu’ouvrier en travaux paysager, agent de restauration, agent de propreté et d’hygiène, agent de conduite en système industriel, agent d’entretien textile, etc.
Depuis 2009, les personnes accompagnées ont accès à des dispositifs de reconnaissance de l’expérience professionnelle tels que la Reconnaissance de l’acquis de l’expérience (RAE) et la Validation des acquis de l’expérience (VAE). Ce sont des dispositifs de reconnaissance qui peuvent faciliter par exemple leur insertion en milieu ordinaire de travail. C’est également une reconnaissance des capacités à exercer un métier et la preuve des compétences professionnelles acquises. Au sein des ateliers de production d'ESAT, les travailleurs montrent également des aptitudes particulières à transmettre leurs savoirs professionnels à leurs pairs. D’ailleurs, les moniteurs d’atelier encouragent très largement la pratique du tutorat entre travailleurs handicapés au sein des équipes. Les tuteurs sont capables d’aider un jeune stagiaire ou un travailleur primo-arrivant dans l’apprentissage de nouveaux gestes techniques. Ce sont le plus souvent des ouvriers identifiés comme des travailleurs confirmés et expérimentés, montrant des aptitudes personnelles et relationnelles telles que la patience, la bienveillance et une bonne communication.
Forts de ce constat – à savoir que les travailleurs handicapés maîtrisent un ensemble de techniques de métier reconnues et d’autre part que certains d’entre eux sont aussi capables de les transmettre à des pairs –, des formateurs professionnels les forment depuis quelques années à la co-animation d’actions de formation concernant leurs activités au sein des structures de travail protégé. Si l’intérêt de cette activité peut sembler évident pour les personnes vivant avec une déficience intellectuelle, qu’en est-il pour des formateurs ? Quels peuvent être pour eux les bénéfices de la co-animation d’une formation avec une personne handicapée ? Et qu’apporte cette co-formatrice handicapée à ses pairs stagiaires en situation de handicap ? |