Résumé : | Introduction En France, le débat sur la question de l’euthanasie ou du suicide médicalement assisté reste limité par des positions très idéologiques entretenues par la pauvreté des données épidémiologiques disponibles. Patients et méthodes Une enquête sur les demandes de mort anticipées (DeMA) exprimées aux équipes de soins palliatifs durant l’année 2010 a été proposée à 789 structures françaises. Les données recueillies concernaient : l’origine de la DeMA (patient, proches, soignants), les caractéristiques générales des patients concernés, le contexte médical, psychique et social dans lequel s’exprimait la DeMA, les symptômes, le type de prise en charge palliative spécifique, l’évolution du patient, l’évolution de la DeMA et l’interprétation rétrospective par l’équipe de la signification de la DeMA. Résultats La majorité des services sollicités a participé (60 %) et 352 équipes ont décrit 783 cas de DeMA, 476 exprimées par les patients, 258 par les proches et 49 par le personnel soignant. La pathologie somatique la plus fréquente était le cancer (72 %) ; 69 % des patients étaient en phase terminale. Peu de patients présentaient une douleur non contrôlée (3,7 %) ; les symptômes les plus fréquents étaient des difficultés d’alimentation (65 %), de motricité (54 %), d’élimination (49 %) ou une cachexie (39 %) ; 31 % des patients étaient considérés comme anxio-dépressifs ; 79 % des DeMA n’avaient pas pour motif, un symptôme particulier ; 37 % des DeMA ont persisté tout au long de l’évolution bien qu’un suivi spécifique régulier par une équipe de soins palliatifs ait concerné 83 % de l’ensemble des patients ; 24 % des demandes ont fluctué ; 68 % des patients concernés sont décédés dans le mois suivant la DeMA. L’interprétation donnée à la DeMA par l’équipe a été une demande de soulagement pour 69 %, une situation inextricable pour 44 % ; un souhait de ne plus vivre pour 36 % et une demande d’aide pour mourir pour 30 % des cas. Conclusion Le grand nombre de cas décrits de DeMA apporte pour la première fois en France des données permettant d’approcher le contexte, l’évolution du patient et de la DeMA dans un pays où l’euthanasie n’est pas légalisée. Indépendamment de l’origine des DeMA, celles-ci restent fréquemment maintenues malgré une prise en charge spécifique en soins palliatifs, qui avait permis de soulager le patient de ses symptômes. |