Résumé : | La bientraitance, c’est l’art de traiter autrui selon le bien. Ce qui pose immédiatement les questions afférentes : de quel « bien » s’agit-il ? Comment reconnaître le bien d’autrui (sachant que nous ne savons pas toujours reconnaître le nôtre) ? Comment le faire cohabiter avec celui de tout autre ? Selon que je considère le bien comme une valeur objective ou subjective, universelle ou singulière, la bientraitance revêt des formes tout-à -fait différentes : rationnelle (le bien est clairement et universellement identifié par l’universelle Raison - ce que dément la pluralité culturelle, par exemple) ; l’empathie (qui se heurte à l’altérité d’autrui) ; la tolérance (qui n’engage pas le sujet dans le respect d’autrui, mais qui lui permet de seulement le supporter) ; la revendication de la liberté individuelle comme seule source et critère du bien (ce qui rend impossible la cohabitation de sept milliards de libertés) ; le choix difficile entre le bien du plus grand nombre et le bien de chacun (pouvant exiger le sacrifice de l’un au profit des autres) ; le bien référé à la seule loi (qui devient abstrait, au détriment d’une bientraitance concrète)…Une issue est possible, si le respect à l’égard de la loi se convertit en respect d’autrui au nom même de ce qui le fait être autre, c’est-à -dire son irréductible altérité. La bientraitance n’est plus alors une affirmation de soi au nom du bien, mais l’accueil respectueux de la parole d’autrui, et la réponse silencieuse à son appel. |