Résumé : | Objectif
Plusieurs sociocultures camerounaises se trouvent dans un entre-deux culturel sur la question d’une vie après la mort. Mort immatérielle ou non, après la mort physique la séparation qui s’en suit est toujours douloureuse. L’objectif de cet article était dans un premier temps de renseigner sur l’ordre conçu et l’ordre vécu de la mort de l’enfant de suite d’un cancer en négroculture, pour en expliquer les comportements pré- et post-mortem dans un deuxième.
Matériel et méthodes
Au cours d’une enquête anthropologique de 20 mois, les données issues d’une recherche documentaire, d’entretiens semi-structurés avec les soignants et de 18 entretiens biographiques avec les familles d’enfants préalablement en rémission, puis admis en soins palliatifs ou ayant des pronostics désespérés, et d’observations directes d’expériences de mort imminente et du deuil ont été collectées. Ces données ont ensuite été analysées via le schème actantiel et interprétées sous le prisme conceptuel de l’euphémisation de Pierre Bourdieu.
Résultats
Bien que l’hôpital n’ait pas pour vocation explicite la prise en charge de la mort, les familles se rassurent que leurs enfants décèdent à l’hôpital pour se soulager de toute formes de culpabilité ou se disculper d’accusations. La mort impose une domination larvée autant sur les soignants que sur les soignés et leurs familles car selon l’ordre conçu de bien de sociocultures au Cameroun, la mort n’est pas qu’un épisode de vie, mais une forme d’esprit malfaisant qui s’attache à ceux qui l’évoquant, l’invoquent s’ils ne sont pas culturellement ou rituellement aptes à y faire face. D’où une forclusion collective qui, de façon manifeste a des allures de fuite en avant, alors qu’au fond la retenue langagière et proxémique n’est rien d’autre que la forme culturelle prégnante de l’expression de la prémonition de la mort.
Conclusion
Cet article interpelle sur la nécessité de faire muter les soins des enfants en rémission de leur maladie d’une culture palliative d’urgence s’apparentant aux soins de fin de vie, vers une culture de soins systématiques qu’ils soient curatifs ou palliatifs. |