Résumé : | L’échographie est pratiquée par les kinésithérapeutes depuis plus de 20 ans dans les pays anglo-américains et a été introduite initialement en pratique clinique comme un outil d’évaluation des structures et de la fonction musculo-tendineuse [1].
En France, son utilisation s’est démocratisée plus récemment. Le Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK) a rendu un avis concernant la pratique de l’échographie par le kinésithérapeute dans le cadre de l’élaboration de son diagnostic kinésithérapique et de la mise en œuvre de ses traitements le 27 mars 2015 [2].
L’échographie est un outil complémentaire à l’évaluation habituelle du kinésithérapeute qui va permettre au praticien d’affiner ses hypothèses cliniques afin d’améliorer le choix du traitement mis en place ainsi que d’en réévaluer sa pertinence. De plus, cela va lui permettre de mettre en évidence les anormalités contribuant à la symptomatologie du patient [3]. Cependant, la littérature met en évidence les limites de l’utilisation de l’échographie en terme de fiabilité et de validité intra et interopérateur, dépendant du niveau de qualification et d’expérience du praticien. Il existerait donc un risque d’erreur non négligeable en fonction de la compétence de celui-ci et donc de la qualité de la formation qu’il a reçue. Une formation insuffisante pourrait contribuer à des erreurs d’interprétations des anormalités observées à l’échographie et donc un plan de traitement non adapté à la symptomatologie du patient [4].
Les applications actuelles de l’Imagerie par ultrasons (USI) en rééducation dans les pays anglo-américains relèvent essentiellement de deux types d’intervention de l’imagerie musculo-squelettique : l’Imagerie par ultrasons en rééducation (RUSI) visant à évaluer la fonction [5] et l’imagerie à des fins de diagnostic [6, 7]. En France, le kinésithérapeute ne peut pas poser de diagnostic médical ; c’est pourquoi le terme de RUSI est le plus adapté pour décrire l’utilisation de l’échographie.
C’est en 2006 lors de la première réunion internationale sur l’élaboration de standards en échographie en physiothérapie que le terme RUSI fait son apparition pour la première fois. Il sera défini ainsi : « L’Imagerie par Ultrasons de Rééducation est une procédure utilisée par les kinésithérapeutes pour évaluer la morphologie et les fonctions musculaires et les tissus mous pendant l'exercice et les tâches physiques. Cette technique est utilisée pour faciliter l'application d'interventions thérapeutiques visant à améliorer la fonction neuromusculaire. [...] Actuellement, la communauté internationale élabore des directives en matière d'éducation et de sécurité conformément à la Fédération mondiale pour l'échographie en médecine et biologie (WFUMB). Daté du 10 mai 2006. » [8].
Il faut donc que le kinésithérapeute puisse avoir accès à une formation encadrée afin d'être suffisamment compétent pour diminuer au maximum le risque d’erreurs d’interprétations et être le plus sécuritaire possible pour le patient.
Malheureusement en France, il n’existe à l’heure actuelle que des programmes de formation continue pour les kinésithérapeutes développés par des organismes privés sans dispositif de standardisation ou de recommandations nationales pour les encadrer. De ce fait, la sécurité et la qualité de l’examen ne sont pas garanties pour les patients [9].
Contrairement à la France, certains pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis ont déjà intégré cette pratique dans le programme national de formation initiale [1]. Cependant, il n’existe pas encore officiellement de standards internationaux encadrant la formation et la pratique de l’utilisation de cet outil en kinésithérapie. |