[article] in Kinésithérapie scientifique > 621 (juin 2020) . - p. 5-12 Titre : | Contrôle de l'équilibre postural lors de l'initiation de la marche avec enjambement d'obstacles de hauteur et de distance changeantes | Type de document : | article de périodique | Auteurs : | Eric Yiou, Auteur ; [et al.], Auteur | Année de publication : | 2020 | Article en page(s) : | p. 5-12 | Langues : | Français (fre) | Descripteurs (mots clés) : | [Thésaurus HELB]:Paramédical:controle postural [Thésaurus HELB]:Paramédical:equilibre
| Résumé : | Le contrôle de l’équilibre postural est une exigence capitale qui sous-tend l’exécution de toutes nos actions motrices. Comme toutes les espèces terrestres, l’être humain se déplace dans un environnement gravitaire qui l’attire en permanence vers le sol, perturbant ainsi continuellement son équilibre.
Le mouvement lui-même, de par les forces internes et les modifications de la géométrie corporelle qu’il induit, constitue également une source de perturbation de l’équilibre. L’altération de ce contrôle, avec l’avancée en âge ou certains types de pathologies du système sensorimoteur (par exemple lors de la maladie de Parkinson), a pour corollaire une augmentation du risque de survenue de chutes avec ses conséquences morbides bien connues. Une des questions majeures du domaine scientifique du contrôle moteur est de savoir comment le système nerveux central (SNC) parvient à contrôler cet équilibre malgré les différentes sources de perturbations, endogènes et exogènes, inhérentes à la production du mouvement.
Connaître les mécanismes de contrôle de l’équilibre chez le sujet sain et leurs disfonctionnements chez le sujet pathologique, constitue également un enjeu important pour le clinicien qui pourra ainsi mieux cibler, voire individualiser, ses protocoles d’interventions, et éventuellement quantifier l’effet de ceux-ci par le biais d’outils expérimentaux d’analyse du mouvement (e.g. accéléromètres, goniomètres, électromyographie, etc.).
L’initiation de la marche est une tâche locomotrice fonctionnelle qui constitue un modèle expérimental classique permettant d’étudier les mécanismes de contrôle de l’équilibre chez le sujet sain et le sujet pathologique [1]. L’initiation de la marche correspond à la phase transitoire entre deux états stables, celui du maintien de la posture statique et celui de la marche stationnaire [2]. Afin de mieux appréhender les mécanismes de contrôle de l’équilibre lors de cette tâche, un bref rappel de biomécanique s’avère nécessaire.
Lorsque le sujet est en posture initiale statique, le centre des masses et le centre des pressions (correspondant au barycentre des forces de réaction verticales) sont positionnés sur la même ligne verticale (correspondant à la verticale gravitaire). Lorsque le pied de départ (ou pied « oscillant ») quitte le sol pour initier la marche, la taille de la surface de sustentation (correspondant à la surface délimitée par les appuis podaux) se trouve alors drastiquement réduite selon la direction médio-latérale, le sujet passant d’un appui bipodal à un appui unipodal. Si le centre des masses n’est pas repositionné au-dessus de la nouvelle surface de sustentation (correspondant à la surface délimitée par le seul pied d’appui), celui-ci aura tendance à tomber latéralement vers la jambe oscillante et ce, de façon quasi « balistique ». Plus la distance latérale entre le centre des masses et le centre des pressions sera importante au moment du décollement du pied, plus le « couple de déséquilibre » à cet instant sera grand, et plus cette chute latérale sera difficile à freiner après le poser du pied au sol. On sait aujourd’hui que cette chute latérale est automatiquement minimisée avant même que le sujet ne décolle le pied du sol et donc que la perturbation ne soit opérante, grâce au développement de phénomènes posturo-dynamiques connus sous le terme d’« ajustements posturaux anticipateurs » (APA) [1,3,4].
Selon la direction médio-latérale (direction à laquelle je restreindrai mon exposé), ces APA se caractérisent par un déplacement du centre des pressions vers la future jambe oscillante. Celui-ci débute quelques centaines de millisecondes avant le décollement du pied. Ce déplacement anticipateur du centre des pressions va avoir pour effet d’accélérer le centre des masses en direction opposée, i.e. vers la future jambe d’appui, et ainsi de réduire la distance entre le centre des masses et le centre des pressions au moment du décollement du pied. Le couple de déséquilibre à cet instant sera donc réduit, et la chute latérale du centre des masses au cours de l’exécution du pas minimisée. Le sujet aura ainsi assuré une progression plus stable du corps.
Sans rentrer dans le détail, il a été montré que ce déplacement anticipateur du centre des pressions est induit par une synergie articulaire et musculaire complexe, mobilisant bilatéralement les muscles de la cheville, du genou et de la hanche [1,5]. Une restriction de mobilité, chronique ou aiguë, de l’une ou de plusieurs de ces articulations ou une altération de l’efficacité mécanique d’un ou de plusieurs des muscles croisant ces articulations, va donc altérer le développement de ces APA [6,7] ; ceci pouvant potentiellement être à l’origine de la survenue d’une chute latérale. La littérature atteste d’ailleurs que les chutes latérales sont particulièrement fréquentes et dommageables chez la personne âgée, car le plus souvent associées à des fractures de hanche [8]Une fois cette fonction stabilisatrice des APA bien identifiée, la question se pose de son adaptabilité aux différentes contraintes pouvant être imposées au système postural [9]. Comme on peut aisément l’imaginer au regard de nos activités motrices quotidiennes, ces contraintes peuvent être multiples (fatigue, douleur, hypomobilité articulaire, port de charge, etc.). Dans le cadre de cet article, nous nous sommes posés la question de l’adaptabilité des APA associés à l’initiation de la marche face à une contrainte environnementale usuelle, à savoir la présence d’un obstacle de hauteur et de distance changeantes à enjamber. Étant donné l’importance du maintien de l’équilibre, nous faisons l’hypothèse que le système nerveux central (SNC) est capable d’adapter les caractéristiques spatio-temporelles des APA aux contraintes environnementales imposées (hauteur et distance de l’obstacle) de façon à assurer une progression stable du corps. | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
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