Résumé : | Van Nechel [3] nous explique que la mobilité est apparue, il y a plus de 10 millions d’années dans le milieu aquatique, alors que la notion de tenir debout n’avait pas de sens. Le système otolithique est présent chez des espèces comme les larves de crabe royal ou chez de « nombreux micro-organismes ayant des récepteurs comme les statocystes qui leur permettent de détecter la direction de la gravité et d'ajuster leur orientation en conséquence. » [4].
On retrouve également le statocyste chez les plantes permettant à ces dernières de savoir dans quel sens pousser.
Chez toutes ces espèces, il y a une nécessité d’orientation et de mémorisation du déplacement, le seul référentiel terrestre fiable étant la gravité. Sans ce repère, les espèces sont amenées à disparaître : c’est ce que van Nechel [3] qualifie de « fonction vestibulaire originelle ». Cependant, ce système ne permet pas d’éviter les obstacles. C’est pour cela que l’évolution des espèces, en général, est l’acquisition de la vision.
Chez l’être humain, même si la notion de survie existe toujours, on parle plutôt de notion de destination. Mais cela nécessite un référentiel fiable, la gravité, et des capteurs de mouvements. C’est le système vestibulaire qui assure la représentation de la verticale : la verticale visuelle subjective (VVS). L’expérience menée par Vibert et al. en 1999 montre une déviation ipsi-latérale de la VVS chez des patients à la suite de neurotomie ou labyrintectomie [5].C’est la lutte antigravitaire qui permet à l’homme de tenir debout : on parle alors d’équilibration [6]. Cette notion est fondamentale car sans équilibration, il n’y a pas de locomotion. Cependant, l’équilibration nécessite une intégration multisensorielle [7]. Le système vestibulaire travaille alors en synergie avec la proprioception et la vision, chacune des entrées sensorielles exerçant un rétrocontrôle sur les deux autres (fig. 4).La vision n’est pas nécessaire à l’équilibration, mais plus la tâche est difficile, plus la vision entre en jeu. Elle se substitue alors à la gravité, à condition que le regard reste stable. La destination donnant « sens » au déplacement [8], la vue permet de naviguer vers l’endroit désiré, dans l’espace environnant. Le regard de destination permet d’intégrer la future position des pieds et de repérer de manière intermittente des points saillants de l’environnement comme des obstacles potentiels de tailles différentes [9].La difficulté est donc d’assurer une constance visuospatiale, malgré les mouvements constants des yeux, de la tête et du corps [3]. Pour obtenir cette constance, il est nécessaire d’avoir une stabilité de la tête lors de la locomotion. En superposant des photographies prises par Edward James Muggeridge (1887) d'un homme en mouvement, Berthoz [10] remarque que la ligne séparant le coin externe de l'œil et le méat de l'oreille reste parallèle. Ceci indique une stabilité de la tête en rotation qui serait possible grâce au système vestibula |