contenu dans : souffrance psychique et soin institutionnelTitre : | Comment parler en famille(s) : Prendre langue à plusieurs autout d'un enfant mutique | Type de document : | Chapitre d'ouvrage | Auteurs : | Marie Terral-Vidal, Auteur ; [et al.], Auteur | Pages : | p. 153-167 | Langues : | Français (fre) | Descripteurs (mots clés) : | [Thésaurus Mesh]Enfant hospitalisé [Thésaurus Mesh]Mutisme
| Résumé : | Nous allons tenter, au cours de cette observation, de représenter comment peut se déployer avec un jeune garçon et sa famille, et autour d’eux, la polyphonie institutionnelle. Jean a été en traitement pendant six ans à l’epi. Il avait déjà reçu des soins à temps complet pendant quatre ans dans l’hôpital de jour qui nous l’a adressé lorsqu’il avait 8 ans. Au sein de ce premier hôpital de jour, il a bénéficié d’une psychanalyse – trois séances par semaine. Son analyste le considérait comme un enfant « psychotique avec des traits autistiques ».
À l’arrivée de Jean à l’epi, l’équipe qui nous le confie s’empresse de nous révéler « qu’elle a laissé le père de côté » pendant tout ce temps. C’est pourtant en s’appuyant sur les liens qui réunissent nos deux hôpitaux de jour que le père de Jean choisit notre institution, malgré l’avis de sa femme qui aurait préféré un lieu plus comportementaliste.
Gardant en mémoire qu’il est indispensable de donner une place à ce père au sein de notre institution, nous proposons d’emblée des entretiens familiaux mensuels, extrêmement réguliers. Le cadre des consultations familiales est aménagé de manière assez originale pour notre hôpital de jour : c’est le trio formé par la psychologue institutionnelle, l’éducatrice référente et le psychiatre consultant, moi-même, qui recevra cette famille tous les mois pendant six années. Parallèlement, Jean est reçu trois séances par semaine par un des psychanalystes de l’epi qui rencontrera à plusieurs reprises son père et sa mère. Cette dernière entamera à sa demande une psychanalyse avec l’autre psychanalyste de l’epi, au cœur de l’institution.
C’est grâce à ce travail à plusieurs voix que Jean, enfant sans parole à son arrivée, se mettra à parler à 13 ans comme l’avait prédit un professeur à son père, homme qui a pu être un Autre pour ce père pour qui il n’y a pas souvent d’Autre. Une seule parole avait suffi pour que cette prédiction se réalise.
Jean est élevé par des parents polyglottes. D’origines respectivement libanaise et palestinienne, la mère en outre a passé son enfance au Sénégal. Les parents de Jean lui parlent aussi bien dans leur langue maternelle qu’en français. La mère de Jean reprend son activité professionnelle un mois après sa naissance ; Jean est gardé jusqu’à 18 mois par son père et sa grand-mère maternelle, l’arrière-mère pour Pierre Fédida. C’est à la crèche, à 18 mois, que les troubles du contact et de la communication sont repérés. À 3 ans, Jean souffre de troubles du sommeil et de l’alimentation ; il ne se déplace qu’en poussette et marche sur la pointe des pieds. La propreté est acquise à 4 ans. À son arrivée à l’epi, le langage de Jean se limite à quelques mots, en revanche il est en relation avec les autres et utilise avec efficacité les moyens de communication extra-verbaux. Il faut souligner que le père de Jean avait été arraché à ses parents à l’âge de 7 ans à cause de la guerre : il nous dira : « Dès l’âge de 7 ans, j’étais un ancien combattant ; je me suis fait tout seul. » | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
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