Résumé : | La voie du Taï chi chuan
Vieillir, c’est donc s’accomplir. Le Taï chi chuan est une voie pour la réalisation de soi, pour se sentir en harmonie avec l’environnement. Pour la pratique, l’observation est nécessaire. Pouvoir se regarder faire mais aussi, laisser le corps faire. Certains aspects peuvent sembler contradictoires, mais cette apparence sera vite dépassée par un détachement particulier, en laissant des phénomènes se manifester indépendamment de la volonté. « Faire sans faire » n’est ainsi possible que si l’on accepte que les choses vivent et qu’elles aient une existence propre. En voulant les contrôler, elles disparaissent. Ainsi, arriver à trouver un état d’être et être entre deux états n’est pas contradictoire mais nécessite un changement de regard, une élévation spirituelle dans laquelle le rapport au monde, à soi, permet de trouver la voie, l’équilibre entre le ying et le yang. Dans cette dynamique, l’individu devient mouvement, les yeux se confondent avec l’objet. L’observation est un positionnement mental qui s’appuie sur la pratique du mouvement.
Dans le Taï chi chuan, taiji désigne la poutre faîtière (la clé de voûte) : le point où les forces opposées et inverses se rencontrent et s’exercent pleinement dans une stabilité inébranlable. Dans le Taï chi chuan, on va pratiquer cette philosophie, le yin qui engendre le yang, le yang qui engendre le yin. Cela est rendu possible par le mouvement et le maintien des postures. On va pouvoir observer comment certaines parties intérieures du corps sont yin à un moment, yang à un autre, comment le bas et le haut correspondent, les jambes avec les bras, la main droite avec la main gauche, la tête avec les pieds et inversement, tout change perpétuellement. Tous ces mouvements sont tellement complexes, changeants, toujours se dérobant, qu’ils sont absolument insaisissables ; seul le positionnement du mental peut laisser voir ce qui se passe ; à un moment donné, il faut arriver à laisser faire, les choses vont s’engendrer d’elles-mêmes et on va pouvoir les observer. L’observation est la clé pour pouvoir maîtriser quelque chose, la maîtrise vient de l’observation. Au bout d’un moment, les yeux se confondent avec l’objet. Le sujet et l’objet forment un tout… à force d’observation. Et ainsi on devient soi-même mouvement, on devient soi-même le tao, c’est le retour à l’unité. Suivre ce chemin procure jour après jour paix et harmonie au pratiquant. |