contenu dans : stress, burn-out, violences ; du constat à la préventionTitre : | Chapitre 8. Le management de proximité : Soigner le travail pour prendre soin des métiers de la santé | Type de document : | Chapitre d'ouvrage | Auteurs : | Sylvie Gueguen, Auteur ; Pierre Campia, Auteur | Pages : | p. 197-212 | Langues : | Français (fre) | Résumé : | Cet article s’appuie sur des échanges avec nos étudiants cadres en formation alors que nous encadrons des travaux qui valorisent et rediscutent leur expérience de faisant fonction. Il mobilise surtout des partages de pratiques avec des cadres de santé, des cadres supérieurs de santé de la région Auvergne-Rhône-Alpes lors de rencontres que nous organisons en formation initiale et continue à notre institut de formation des cadres de santé du territoire lyonnais. Il développe aussi trois témoignages contextualisés dans le domaine hospitalier. Un premier témoignage en 2015 par un consultant qui optimise la gestion des plannings dans les établissements de santé. Un second en 2017 rapporté par un cadre de santé d’un CHU de la région et le dernier en janvier 2018 par une infirmière de consultation.
Nos futurs cadres de santé au sein de notre institut dans la grande majorité ont l’expérience du faisant fonction. Ils nous disent invariablement à chaque rentrée qu’ils voudraient s’inscrire dans « un management bienveillant » et « redonner du sens au travail » des autres membres de l’équipe. Ces présupposés laisseraient-ils penser que le management dans les établissements de santé est par nature malveillant et que le travail au quotidien n’a plus de sens ? Ce serait un contresens de s’engager dans cette direction en formation. Il s’agit alors pour nous de déconstruire cet axiome à la faveur de l’analyse de l’expérience au travail. Si la bienveillance est une valeur cardinale dans ces métiers du soin et de la santé, elle ne saurait faire office de trompe-l’œil dans le tumulte des mutations et transformations de nos organisations. Faire son travail est une chose dans ces contextes reconfigurés par une rationalisation des moyens, mais bien le faire en est une autre. Le sens donné au travail ne saurait venir de manière descendante. Mais force est de constater que notre travail peut en avoir perdu en chemin « du sens » pour passer du travail prescrit comme figure étalon au travail déclaré dans des menus déroulants, lui-même en creux d’un travail réel, ignorant d’un travail empêché.
Nous poserons un autre présupposé qui invite à dire que c’est finalement le travail qui est malade comme le souligne Gabriel Fernandez, médecin du travail (Fernandez, 2009). Le travail humain ne serait pas vraiment bien traité. Nous mettrons à contribution les outils de l’analyse de l’activité et de la psychodynamique du travail pour saisir les enjeux à continuer à faire ce que l’on pense devoir faire quand on est quelqu’un du métier. Cette question touche l’ensemble des acteurs de santé devant la forte normalisation des règles du travail.
Nous amorcerons notre propos par une approche socio-historique de l’avènement du nouveau management public dans les établissements de santé identifié comme point de basculement vers une gestion qui se voulait plus adaptée des moyens humains et des ressources pour soigner dans nos organisations. Ce qui nous conduira aux portes des trois témoignages partagés par deux cadres de santé et une infirmière. Ils illustrent ce que vivent, celles et ceux qui sont « en première ligne » pour reprendre l’expression d’Yves Clot (Clot, 2010) devant ajuster, reprendre, modifier leur travail pour absorber les directives des autres. Si ce travail du soin produit l’image d’une belle orchestration tout en continuité dans un canevas resserré de procédures, il nourrit cependant dans le même mouvement de la souffrance, de l’usure compassionnelle et l’absence d’un pouvoir d’agir pour « faire bien son travail ». | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
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