contenu dans : d'hier à aujourd'huiTitre : | On plaide aujourd’hui pour la succession de cet enfant ». L’enfant mort à la naissance, le médecin et le droit successoral | Type de document : | Chapitre d'ouvrage | Auteurs : | Jacques Gélis, Auteur | Pages : | p. 79-102 | Langues : | Français (fre) | Résumé : | La naissance d’un enfant mort ou mourant dès les premiers instants de sa vie pose dans les siècles passés bien des questions : ce ratage, à qui faut-il l’attribuer ? aux parents, au sort ? Quels moyens une société à dominante rurale s’est-elle donnés pour surmonter une telle épreuve ?
Le désespoir des parents, quel que fût leur milieu social, variait selon qu’il s’agissait ou non d’un premier enfant. Mais l’affliction qui se manifestait alors, en particulier chez la mère, n’était pourtant pas la seule dimension de ce drame. Pour les parents, il était important avant tout d’effacer les effets néfastes de cette naissance manquée. Cet enfant « non né », il fallait vite le remplacer, le refaire en quelque sorte, par la naissance d’un nouvel enfant, une re-naissance, celle d’un petit re-né auquel on allait souvent donner le prénom que l’on avait souhaité pour le petit malheureux. Une revanche sur la mort en quelque sorte, et l’assurance que la famille continuerait à se perpétuer… Car là était bien l’essentiel : se perpétuer, ce que la naissance d’un fruit mort avait semblé un temps compromettre…
Cependant, la naissance d’un enfant mort ne constituait pas seulement un drame affectif pour les parents et l’ensemble de la parenté. Elle posait aussi, dans cette société christianisée, la délicate question de la destinée spirituelle de l’enfant, puisqu’il était interdit de conférer le sacrement à un petit mort.
Elle mettait également en jeu le droit successoral, au point de constituer, au cours du xviiie siècle et au début du xixe, un casse-tête juridique difficile à résoudre. Le médecin et le juriste furent alors sollicités pour que soient précisés de manière indiscutable les critères permettant de considérer que cet enfant avait vécu, critères sur lesquels la famille pouvait ensuite s’appuyer pour dire si l’enfant succédait ou non. | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
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