Résumé : | L’amputation d’un membre est un geste chirurgical majeur. Épreuve de vie à traverser, elle atteint irréversiblement la personne au plus profond de sa chair. En France, elle touche principalement les personnes âgées au niveau des membres inférieurs en raison de pathologies vasculaires telles le diabète et l’artériopathie Si ce profil est dominant, une nébuleuse disparate d’autres profils se fait également jour. Des enfants, adolescents, adultes, personnes âgées sont ainsi amputés d’un ou de plusieurs membre(s) inférieur(s) et/ou supérieur(s), à différents niveaux(1) et pour diverses causes (traumatique, tumorale, infectieuse, agénésique). Quelles que soient les caractéristiques biomédicales et le parcours qui conduit à l’amputation, elle représente une rupture biographique [3] – avec un « avant » et un « après » – où chaque personne doit vivre avec la perte du membre et ses multiples retentissements corporels, fonctionnels, psychologiques, sociaux. Être amputé, appareillé, potentiellement en situation de handicap [4], s’avère une expérience singulière et complexe, déroutante lors des premiers mois d’hospitalisation en milieu institutionnel (en service de chirurgie, en centre de réadaptation) et de retour en milieu ordinaire [5, 6].
Avant et après amputation, un ensemble d’acteurs sont présents et gravitent autour de la personne amputée pour prendre soin d’elle (au sens de cure et/ou de care(2) [7], l’aider, la soutenir et/ou l’accompagner. Les professionnels de santé, du secteur médico-social et de l’appareillage constituent une première entité d’acteurs. Avec leurs savoirs, expertises, compétences professionnelles, ils prennent en soin, appareillent, accompagnent la personne amputée en centre de réadaptation, puis dans son vécu chronique post-amputation |