Résumé : | En 2014, la Haute Autorité de Santé (HAS) a émis des recommandations qui soulignent l’impor-tance du dépistage systématique de la consom-
mation de tabac assortie du conseil d’arrêt et de la proposition de prise en charge du sevrage.Le repérage précoce-intervention brève (RPIB) constitue une approche permettant, en un temps limité, d’encourager un changement du comportement vis-à -vis du tabagisme n Balance décisionnelle
La réalisation d’une « balance décisionnelle » a pour objectif de mettre en perspective, les bénéfices et inconvénients à poursuivre la
consommation du tabac, avec les avantages et difficultés du sevrage tabagique. Elle permet d’identifier les désirs et les craintes du patient face à la perspective de l’arrêt et ainsi d’identifier les clés pour renforcer les premiers et parer les seconds.
Bilan du tabagisme
Le tabagisme du patient doit être caractérisé
avec précision :– la consommation de tabac : âge de début et
d’usage quotidien, consommation actuelle,type des cigarettes et autres produits utilisés (cigarette électronique ?) ;– les tentatives antérieures d’arrêt, ou de réduction, leurs durées et les raisons de la reprise sont évoquées ; – le niveau de dépendance tabagique se fait au moyen du test de Fagerström (tab. I) en 6 ou 2 questions (nombre de cigarettes fumées quotidiennement, délai entre le réveil et la première cigarette fumée). Un score ≥ 7 pour le premier et ≥ 4 pour le second, témoigne d’une forte dépendance. Parallèlement, il est souhaitable de mesurer le taux d'intoxication par le monoxyde de carbone dont la valeur observée (ppm) est le reflet de l'intensité
de l'inhalation tabagique. Le « craving » est mesuré au moyen du « French Tobacco Craving Questionnaire » en 12 items (FTCQ-12) [20] ;
– le niveau de motivation à l'arrêt du tabac est évalué au moyen d'une échelle visuelle analogique (EVA) ou d’un test plus spéci-
fique comme le test de Richmond. Si une forte motivation est un facteur de réussite du sevrage, des tentatives d'arrêt sans prépara-
tion préalable peuvent être marquées de succès ;– l'identification des troubles anxieux ou dépressifs est importante car ils pèsent sur
le pronostic du sevrage. À cette fin, l'échelle « Hospital Anxiety and Depression Scale » (HAD)[23] est la plus utilisée, lors de l’évaluation initiale, puis régulièrement au cours du suivi ;
– le repérage d’une consommation d'autres substances psychoactives est indispensable.Les substances inhalées (cannabis, cocaïne,
héroïne) et un mésusage d'alcool peuvent-être à l'origine de dommages respiratoires.Les questionnaires AUDIT-C pour l'alcool et
« Cannabis Abuse Screening Test » (CAST) pour le cannabis [17] facilitent ce repérage ; – il convient d’apprécier si l'entourage du
patient est non-fumeur et peut aider la tentative d’arrêt, de rechercher une situation de précarité socio-économique au moyen du
score EPICES [24], d’identifier le niveau d’activité physique, l’état nutritionnel, le poids,les capacités d’autosoin et d’adaptabilité du
patient (recours à l’éducation thérapeutique ?)et de suivre leur évolution ; – au terme du bilan, il est possible de distin-
guer les fumeurs qui relèvent d’une prise en charge « standard » [17], de ceux qui ont une forte dépendance nicotinique, présentent fréquemment des troubles anxieux ou dépressifs, une co-consommation de substances psychoactives et requièrent l’avis du spécialiste en tabacologie |