Résumé : | Les médications psychotropes sont parmi les médications les plus utilisées dans la population générale. Elles sont cependant souvent perçues négativement par les médecins, les pouvoirs publics et la société en général. Cette vision négative a plusieurs sources. La notion de « calvinisme pharmacologique » est ancienne et se réfère à l’idée que les patients doivent trouver eux-mêmes les ressources pour s’en sortir ou utiliser des moyens « naturels ». Il existe par ailleurs une méfiance envers l’industrie pharmaceutique alimentée par des soupçons de fraude et de course au profit. Régulièrement de grosses polémiques éclatent par exemple sur l’efficacité et le mode d’action des antidépresseurs, la dangerosité des neuroleptiques à long terme, leur impact sur la mortalité et sur l’intégrité cérébrale, l’abus de benzodiazépines et le risque lié à leur usage à long terme. Nous passons ici en revue l’histoire de ces molécules et des polémiques qui les ont accompagnées. Les psychotropes ne méritent « ni excès d’honneur ni d’indignité ». Leur efficacité n’est pas excellente, mais est tout à fait comparable à celle des traitements usuels en médecine générale. De grands progrès ont été réalisés au cours des dernières années pour élucider leur mode d’action, même si celui-ci est encore imparfaitement compris. Cette seconde partie aborde plus en détail les antidépresseurs, les stabilisateurs de l’humeur et les benzodiazépines. |