Résumé : | « Il avait dans la bouche, en parlant, une bouillie qui était adorable parce qu’on sentait qu’elle trahissait moins un défaut de la langue qu’une qualité de l’âme, comme un reste de l’innocence du premier âge qu’il n’avait pas perdue. »
Proust, Du côté de chez Swann, 1913.
Par ses couleurs, ses intonations, ses accents, son « grain » (Barthes), la voix porte nos ressentis les plus intimes, notre pulsionnalité la plus primitive. Tant elle accompagne inconsciemment notre quotidien communicationnel, la voix nous paraît être une évidence. Outil essentiel de relation et de partage des émotions, la voix pourtant est pour chacun une inconnue. Partie essentielle de notre être le plus profond, la voix est de l’ordre de l’intime et de l’extime, à la fois connue et méconnue du sujet lui-même, une énigme pour la pensée qui vient toujours trop tard pour la saisir et qu’en outre elle menace, entre attraction et répulsion, fascination et inquiétante étrangeté (Ferveur, 2016). C’est du plus intérieur de l’être parlant qu’elle vient témoigner, et l’on sait combien on peut être trahi par sa voix, tant celle-ci véhicule une certaine vérité des profondeurs. |