Note générale : | Le monteur peut être appelé l'éminence grise du film. Son pouvoir - même filtré par les exigences et les interventions du producteur et du réalisateur - est immense, et pourtant insoupçonné du spectateur, qui prend pour argent comptant ce qu'on lui donne sur l'écran, sans autre choix possible. Symboliquement, les salles de montage sont des pièces isolées de la lumière (pour mieux voir l'image faiblement lumineuse qui tremblote sur le dépoli de la table de montage), ce qui concourt à en faire un travail de l'ombre. Autant en effet le cinéma, dans son narcissisme, a popularisé les ambiances et le grand cirque du tournage, autant un mythe littéraire a pu se créer autour du scénariste (romantiquement assimilé à un écrivain dépossédé), autant en revanche le montage reste une opération énigmatique et ingrate, perçue comme purement utilitaire, et dont la fonction créatrice est mal connue. Après tout, le film n'a-t-il pas déjà été tourné? Ne suffit-il pas de réunir les meilleures prises de chaque plan? |