Résumé : | Le vieillissement de la population est un phénomène mondial. En France, la proportion des personnes âgées de 65 ans ou plus pourrait atteindre 27,1 % en 2050 (soit plus de 20 millions de personnes) et 28,7 % en 2070 [1]. Les personnes de plus de 75 ans, quant à elles, pourraient représenter 18 % en 2070. Le nombre de centenaires, s’élevant aujourd’hui à 30 000 personnes, devrait également augmenter de façon significative.
Le défi est de faire en sorte que les personnes âgées restent en bonne santé le plus longtemps possible. Or, il existe une éventualité de voir une augmentation sensible du nombre de personnes âgées plus ou moins en perte d’indépendance fonctionnelle ou à risque de le devenir (d’autant plus que la situation épidémique liée au Covid-19 a induit isolement et retards de soins).
Les kinésithérapeutes ont une place à tenir, que ce soit par leur action de dépistage, de prévention, de récupération ou d’accompagnement. Or, la kinésithérapie gériatrique, bien qu’en plein essor, demeure toujours un parent pauvre de la discipline et souffre encore de l’image de « trotte-mémé » auprès des autres soignants et des familles.
Comme les autres professionnels de santé en contact avec les personnes âgées en souffrance, les kinésithérapeutes développent en effet, plus encore que la population générale, une vision « âgiste » [2] de la vieillesse, avec comme principales conséquences sur les soins dispensés : le faible intérêt porté à cette population, une aide paradoxalement excessive, le sous-traitement de certains symptômes accompagné de fatalisme (« C’est normal, il est vieux... ») ou, à l’inverse, une surestimation d’autres symptômes.
Le danger est de mettre des objectifs au rabais en sous-estimant la capacité des personnes et de penser que la lenteur convient à la rééducation gériatrique : des stéréotypes de représentation qui conduisent à des stéréotypes de pratiques de rééducation [3]. En effet, il est parfois déroutant de faire face à un patient dont la situation est complexe avec des pathologies intriquées. De plus, il est difficile de se repérer dans les multiples bilans à la disposition des kinésithérapeutes et d’en tirer des rééducations cohérentes (thèmes abordés dans des articles à venir). |