Résumé : | Le mamanais et lalangue sont deux « langues » parlées avec les bébés dans un grand plaisir réciproque, portées par la voix surtout, mais aussi le regard, le toucher, la gestuelle de la mère –
du père, de l’entourage –dans des sollicitations, des jeux, des rythmes
posturaux langagiers, où les vocalisations du bébé anticipent, répondent, provoquent les interventions de la mère et de l’entourage
: échanges précocissimes de langage, de posturo-motricité mère-enfant, qui se relancent, se répondent, soutenus par un désir réciproque de se voir, s’entendre, se rencontrer dans une jouissance palpable pour le «
public » présent. Discours privés qui ne sont pas des langues obéissant à des lois ou à la syntaxe, mais discours faits de répétitions, de
syllabes, de phonèmes, d’onomatopées, de chansons, de comptines rythmées : prosodie au plus près des expériences du corps, des inscriptions érotiques, jeux où le bébé va s’offrir à la jouissance de l’autre pour se faire reconnaître. Jean Bergès (2016) a beaucoup parlé
de ces échanges précocissimes de langage, de parole, de posturo-motricité, entre la mère et l’enfant qui se répondent, l’un anticipant sur l’autre à tour de rôle, chacun se nourrissant et jouissant de l’élan de l’autre, l’appelant, le provoquant pour mieux le relancer dans
une joute qui ne finit jamais, soutenue par un désir réciproque qu’on pourrait mettre du côté du réel, en tout cas de la vie. Joute où l’anticipation – c’est-à -dire l’hypothèse, le symbolique – va, tout de suite, des deux côtés, être le moteur de ce qui deviendra (et est déjà ),
pour l’enfant, une place de sujet. Importance de l’anticipation des deux côtés, chacun prévoyant le plaisir de l’autre dans la place de l’enfant à venir. Mamanais et lalangue participent de cette excitation langagière
et posturo-motrice créatrice érotisée, d’où émerge le bébé comme sujet en incorporant les signifiants. Mais ces deux «langues » ne sont ni équivalentes, ni super-posables, ni synonymes, semble-t-il. |