Résumé : | Peut-on parler de coaching dès l’Antiquité ? Au sens strict, cette pratique n’existe pas avant le 20e siècle. Comme le développement personnel, dont elle est une compagne de route, elle naît dans les années 1960, dans le sillage de la psychologie humaniste américaine, et se structure à l’orée du 21e siècle, avec la création des premières fédérations de coachs.
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En outre, l’idée d’un accompagnement personnel suppose de concevoir les individus comme libres, autonomes et capables de déterminer eux-mêmes leur identité. Or cette conception de la personne humaine est fille de la Renaissance et de la Révolution française ; elle n’aurait pas beaucoup de sens aux yeux de nos plus lointains ancêtres. Parler de coaching dans l’Antiquité ou au Moyen Âge serait, à cet égard, un anachronisme et un abus de langage.
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Deux observations tempèrent néanmoins ce souci de rigueur historique. D’une part, s’il n’est pas question de coaching à proprement parler, le fait d’inciter des hommes et des femmes à chercher en eux-mêmes des ressources, pour trouver leur place, leur voie, et s’orienter dans le brouillard du monde, est bien une idée ancienne. Dans Ménon de Platon par exemple (4e siècle av. J.-C.), le philosophe Socrate questionne un jeune esclave pour le pousser à raisonner, et à découvrir en lui-même des connaissances qu’il ignorait posséder. Cette démarche de maïeuticien reste une source d’inspiration majeure pour les coachs.
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D’autre part, les adeptes de coaching lisent abondamment les philosophes, les grands textes de la religion et de la spiritualité, les traités de rhétorique, de stratégie politique ou encore militaire… Si cette appropriation est parfois maladroite, elle peut aussi s’avérer pertinente, comme l’illustre la redécouverte régulière de la philosophie stoïcienne en période de troubles – lors des confinements sanitaires par exemple. Elle témoigne d’une envie sincère de s’inscrire dans une grande histoire intellectuelle, nous incitant à conquérir chaque jour un peu plus de liberté et de bonheur, en dépit des coups du sort et de l’adversité. Elle nourrit le désir intemporel de vivre une vie qui soit un peu meilleure et d’y aider les autres. |