Résumé : | Dans les interventions chirurgicales du genou réalisées sous garrot, on sait depuis longtemps qu’il existe une atteinte du nerf fémoral et donc du quadriceps, liée à l’usage du garrot. Il s’agit non seulement de neurapraxie, mais aussi dans certains cas d’axonotmesis que l’électromyogramme confirme. De rares cas de paralysie permanente du quadriceps ont été rapportés à la suite d’une intervention sur le genou avec garrot.
Dans l’étude de Dobner [1], 71 % des patients qui avaient été opérés sous garrot présentaient des preuves de dénervation à l’électromyographie. A contrario , aucun patient opéré sans utilisation du garrot n’a présenté des signes de dénervation et, de ce fait, la récupération fonctionnelle était plus rapide.
Les données récentes [2] confirment cet aspect des atteintes potentielles. Cela sous-entend que la légende de « la sidération réflexe du quadriceps » encore appelée « inhibition musculaire arthrogène du quadriceps » aurait peut-être été inventée pour éviter l’angoisse du patient et des rééducateurs à l’idée d’avoir une paralysie ? Ou pour éviter les procédures judiciaires ? En effet, une paralysie postopératoire liée à un garrot engage la responsabilité de l’équipe soignante. De ce fait, il est devenu habituel de parler de « sidération réflexe du quadriceps » car cette appellation a une meilleure acceptabilité. Cela reste malgré tout une atteinte neurophysiologique connue, assez habituelle et acceptée.
Dans tous les cas, le rééducateur doit savoir qu’avec ou sans facilitations neuromusculaires, la récupération du quadriceps ne peut avoir lieu que lorsque le nerf fémoral aura commencé à récupérer et pas avant ! Son rôle est donc de définir, au plus vite et dans les meilleures conditions, les caractéristiques de l’atteinte observée.
La rééducation en neurologie a été décrite comme « l’art d’accommoder les restes ». Il semble bien que dans ce cas ce soit une nouvelle fois la réalité… |