Résumé : | En médiation animale, l’animal devient le sujet d’attention conjointe du thérapeute et du patient dans une dynamique triangulée qui favorise le jeu, la créativité et redonne un rôle actif au patient. Cette expérience singulière apporte de l’imprévu, de la spontanéité et donne une grande souplesse aux interactions et aux échanges (Bélair, 2017). Nous avons vu que le retour à la sensorialité, au sentir, constituait la base de l’expérience existentielle, amenant l’être humain à se sentir vivant. La médiation avec le cheval offre une immersion totale dans un univers de sensorialité, d’émotionnalité. Dans notre propre expérience clinique, la présence du cheval facilite l’expression des éléments motionnels originaires, d’autant que le corps est en permanence en mouvement autour de lui ou avec lui. Sa fonction de porteur amène un cadre contenant et sécurisant et constitue une base solide sur laquelle se réassurer. Dans son mémoire, A. Rousseau (2004) met en avant les possibilités d’un retour à l’originaire chez l’autiste grâce à « l’atmosphère-cheval ». Cette atmosphère d’odeurs, de chaleur, du corps-en-mouvement, du bercement, de rythme plongerait le sujet à la source même de l’unité du vivant. Cette rencontre, cet échange atmosphérique, au creux de « l’entre-deux », peut être expérimentée comme « tonalité » d’une relation au prochain. Le corps-à -corps que le cheval permet en portant l’être humain introduit un nouveau type de relation.
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Ainsi, la rencontre avec le cheval et le thérapeute permettrait-elle à une personne douloureuse chronique, qui se retrouve dans une impasse existentielle, de faire émerger une présence dans l’ici-et-maintenant ? Pourrait-elle être l’occasion de faire l’expérience d’un vécu corporel dans un espace partagé, qui tisserait le sens de l’existence ? Cette rencontre pourrait-elle ouvrir la personne au monde et aux autres et l’entraîner sur la voie de nouveaux horizons ? |