Résumé : | La question de l’utilisation de médiations corporelles à des fins thérapeutiques dans les services de soins psychiatriques pour adolescents est équivoque. Classiquement maniée avec prudence voire exclue du soin psychique à l’adolescence sauf cas particuliers (packs, relaxation), elle s’accorde avec les pratiques psychanalytiques de cette tranche d’âge qui privilégie la psychothérapie en face-à -face ou le psychodrame, préservant ainsi l’aire d’expression et d’évacuation motrice que constitue le corps de l’adolescent. Rappelons au passage que l’on n’allonge pas un patient adolescent dans le cadre d’une cure type.
Le travail que nous vous présentons ici vise deux objectifs :
➙ d’une part, retracer l’état de la question du travail psychiatrique institutionnel à l’adolescence tel que nous le situons en référence à certains auteurs se situant dans une approche psychanalytique et multifactorielle (prise en compte biologique, génétique, apport du médicament et de l’environnement socio-éducatif) ;
➙ d’autre part, partant de ces bases théorico-cliniques qui soulignent l’utilisation évidente de la médiation thérapeutique, nous tenterons de montrer comment peuvent s’utiliser des médiations corporelles dans un tel dispositif institutionnel concernant certains types de pathologies « souffrant de disjonctions » (R. Kaës, 2002) que nous accueillons à l’hôpital de jour de la clinique Dupré : pathologies narcissiques, psychoses et états limites.
Avec l’exemple d’un atelier d’escalade comme médiation corporelle en institution, nous proposons des hypothèses sur les enjeux thérapeutiques de ce dispositif en en soulignant toutefois les inconvénients rencontrés avec certains patients, en particulier états limites. Si le dispositif de l’escalade paraît jouer en faveur du retraitement corporel de certaines expériences de détresse précoce non symbolisées, il semble convenir plus aux psychoses et aux pathologies narcissiques qu’aux pathologies limites pour des raisons que nous allons progressivement détailler. |