[article] in Kinésithérapie scientifique > 638 (Janvier 2022) . - p. 5-15 Titre : | L'épaule douloureuse : de l'examen au raisonnement clinique (2e partie) | Type de document : | article de périodique | Auteurs : | Thierry Marc | Année de publication : | 2022 | Article en page(s) : | p. 5-15 | Langues : | Français (fre) | Descripteurs (mots clés) : | [Thésaurus HELB]:Paramédical:examen clinique [Thésaurus Mesh]Épaule [Thésaurus Mesh]Raisonnement clinique
| Résumé : | LE TEMPS DE L'EXPLICATION
Une fois notre diagnostic établi, vient le temps fondamental de l’explication. L’alliance thérapeutique, qui a débuté dès le premier contact, va se nouer à ce moment-là . Le traitement de l’épaule étant souvent long avec une progression difficile à gérer, il est essentiel de constituer une véritable équipe avec le patient. Il doit ressentir une implication forte de son thérapeute. Il doit lui aussi s’engager ; il est en partie responsable du futur résultat.
Quelques principes doivent régir ce dialogue qui se poursuivra tout au long de la relation thérapeutique. Tout d’abord, il faut respecter les croyances du patient. Lorsqu’il vous dit : « J’ai bien compris mon problème, c’est mon acromion crochu qui m’a troué la coiffe », vous aurez du mal à lui expliquer que sa lésion de la face profonde a peu de chance de venir de l’acromion. Ce n’est pas grave dès qu’il verra qu’il est amélioré par les premières séances, c’est lui qui vous dira : « Alors finalement mon acromion, ce n’est pas lui qui gêne ». Vous l’orienterez progressivement vers une meilleure compréhension de sa pathologie et l’aiderez à modifier certains de ses comportements. Les explications doivent être simples, imagées et en reprenant si possible son vocabulaire. Il ne faut pas vouloir tout lui expliquer.
Un des points clés à aborder est la douleur. Ceux qui sont irritables ont déjà mis en place des stratégies d’évitement et des contractures de protection. Ils vous demandent si c’est une bonne attitude. Bien évidemment, il faut juste les aider à bien placer le curseur, étudier avec eux les mouvements qui peuvent les aggraver et les encourager à bouger dans les secteurs non douloureux.
D’autres patients craignent que leurs tendons lâchent. Lors de différentes consultations, ils ont enregistré le message que le reste de la coiffe pouvait lâcher, qu’elle allait se rétracter et qu’elle serait irrécupérable car les muscles se transformeraient en graisse. Dans ce cas-là , le chemin est long pour leur redonner confiance dans la capacité de la rééducation à leur faire retrouver une épaule fonctionnelle. C’est pourtant un des facteurs de bon pronostic. Il faut lui expliquer qu’à 70 ans, la moitié de la population a une rupture et, pourtant, 50 % de la population n’est pas handicapée. L’équilibre musculaire et articulaire de son épaule a été rompu mais on va le restaurer et son épaule fonctionnera à nouveau comme avant. Il peut vous poser la question : « Et si ça ne marche pas ? » ; il faudra à ce moment passer à l’option chirurgicale.
Si les tendons sont rétractés et irréparables, la prothèse inversée est une bonne option qui donne des résultats fonctionnels fiables, avec des délais de récupération relativement rapides par rapport à une réinsertion. Cette arthroplastie évite le risque de rupture itérative (50% des cas après 65 ans [40-42]). Cette explication pourra conforter le patient dans l’option qu’il a prise.
La question des craquements est fréquemment posée. Est-ce grave ? Quel est le risque encouru ? Il existe plusieurs types de craquement. Quand ces craquements apparaissent lors de la réalisation du tilt postérieur, c’est un phénomène normal car l’acromio-claviculaire et la scapula manquent de mobilité sur le gril costal. La remobilisation provoque ces craquements qui s’estomperont avec la répétition des exercices.
D’autres craquements sont à éviter. Les craquements sous-acromiaux, dans le cas de rupture de coiffe étendue, peuvent être douloureux ; il vaut mieux que le patient les évite jusqu’à ce que l’articulation soit plus souple et les muscles plus toniques. Les craquements peuvent survenir lors des mobilisations, en particulier lors des rotations. Il s’agit en général d’atteinte articulaire (arthrose, arthrite rhumatoïde ou ostéonécrose). Ils s’améliorent très souvent dans le cas d’arthrose. Le cas clinique 5 présente un patient ayant des craquements articulaires à la mobilisation.
Face à certaines questions, il faut savoir dire que l’on ne sait pas ou bien qu’à ce jour il n’y a pas de réponse. Le patient acceptera et appréciera d’avantage que d’avoir une explication qui manque de logique et de fondements.
Une question légitime revient souvent : « Combien de temps va durer la rééducation ? ». Lors de la première séance, il est souvent difficile de donner une réponse. Il faut donner des délais réalistes et pas exagérément optimistes, pour éviter des déceptions et mettre le patient dans une situation inconfortable, s’il a pris des engagements. | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
[article] L'épaule douloureuse : de l'examen au raisonnement clinique (2e partie) [article de périodique] / Thierry Marc . - 2022 . - p. 5-15. Langues : Français ( fre) in Kinésithérapie scientifique > 638 (Janvier 2022) . - p. 5-15 Descripteurs (mots clés) : | [Thésaurus HELB]:Paramédical:examen clinique [Thésaurus Mesh]Épaule [Thésaurus Mesh]Raisonnement clinique
| Résumé : | LE TEMPS DE L'EXPLICATION
Une fois notre diagnostic établi, vient le temps fondamental de l’explication. L’alliance thérapeutique, qui a débuté dès le premier contact, va se nouer à ce moment-là . Le traitement de l’épaule étant souvent long avec une progression difficile à gérer, il est essentiel de constituer une véritable équipe avec le patient. Il doit ressentir une implication forte de son thérapeute. Il doit lui aussi s’engager ; il est en partie responsable du futur résultat.
Quelques principes doivent régir ce dialogue qui se poursuivra tout au long de la relation thérapeutique. Tout d’abord, il faut respecter les croyances du patient. Lorsqu’il vous dit : « J’ai bien compris mon problème, c’est mon acromion crochu qui m’a troué la coiffe », vous aurez du mal à lui expliquer que sa lésion de la face profonde a peu de chance de venir de l’acromion. Ce n’est pas grave dès qu’il verra qu’il est amélioré par les premières séances, c’est lui qui vous dira : « Alors finalement mon acromion, ce n’est pas lui qui gêne ». Vous l’orienterez progressivement vers une meilleure compréhension de sa pathologie et l’aiderez à modifier certains de ses comportements. Les explications doivent être simples, imagées et en reprenant si possible son vocabulaire. Il ne faut pas vouloir tout lui expliquer.
Un des points clés à aborder est la douleur. Ceux qui sont irritables ont déjà mis en place des stratégies d’évitement et des contractures de protection. Ils vous demandent si c’est une bonne attitude. Bien évidemment, il faut juste les aider à bien placer le curseur, étudier avec eux les mouvements qui peuvent les aggraver et les encourager à bouger dans les secteurs non douloureux.
D’autres patients craignent que leurs tendons lâchent. Lors de différentes consultations, ils ont enregistré le message que le reste de la coiffe pouvait lâcher, qu’elle allait se rétracter et qu’elle serait irrécupérable car les muscles se transformeraient en graisse. Dans ce cas-là , le chemin est long pour leur redonner confiance dans la capacité de la rééducation à leur faire retrouver une épaule fonctionnelle. C’est pourtant un des facteurs de bon pronostic. Il faut lui expliquer qu’à 70 ans, la moitié de la population a une rupture et, pourtant, 50 % de la population n’est pas handicapée. L’équilibre musculaire et articulaire de son épaule a été rompu mais on va le restaurer et son épaule fonctionnera à nouveau comme avant. Il peut vous poser la question : « Et si ça ne marche pas ? » ; il faudra à ce moment passer à l’option chirurgicale.
Si les tendons sont rétractés et irréparables, la prothèse inversée est une bonne option qui donne des résultats fonctionnels fiables, avec des délais de récupération relativement rapides par rapport à une réinsertion. Cette arthroplastie évite le risque de rupture itérative (50% des cas après 65 ans [40-42]). Cette explication pourra conforter le patient dans l’option qu’il a prise.
La question des craquements est fréquemment posée. Est-ce grave ? Quel est le risque encouru ? Il existe plusieurs types de craquement. Quand ces craquements apparaissent lors de la réalisation du tilt postérieur, c’est un phénomène normal car l’acromio-claviculaire et la scapula manquent de mobilité sur le gril costal. La remobilisation provoque ces craquements qui s’estomperont avec la répétition des exercices.
D’autres craquements sont à éviter. Les craquements sous-acromiaux, dans le cas de rupture de coiffe étendue, peuvent être douloureux ; il vaut mieux que le patient les évite jusqu’à ce que l’articulation soit plus souple et les muscles plus toniques. Les craquements peuvent survenir lors des mobilisations, en particulier lors des rotations. Il s’agit en général d’atteinte articulaire (arthrose, arthrite rhumatoïde ou ostéonécrose). Ils s’améliorent très souvent dans le cas d’arthrose. Le cas clinique 5 présente un patient ayant des craquements articulaires à la mobilisation.
Face à certaines questions, il faut savoir dire que l’on ne sait pas ou bien qu’à ce jour il n’y a pas de réponse. Le patient acceptera et appréciera d’avantage que d’avoir une explication qui manque de logique et de fondements.
Une question légitime revient souvent : « Combien de temps va durer la rééducation ? ». Lors de la première séance, il est souvent difficile de donner une réponse. Il faut donner des délais réalistes et pas exagérément optimistes, pour éviter des déceptions et mettre le patient dans une situation inconfortable, s’il a pris des engagements. | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
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