[article] in Sciences humaines > 355 (Février 2023) . - p. 49-54 Titre : | Ibn Khaldoun - Pionnier des sciences humaines dans le monde arabe | Type de document : | Chapitre d'ouvrage | Auteurs : | Raphaël Buisson-Rozenstauch | Année de publication : | 2023 | Article en page(s) : | p. 49-54 | Langues : | Français (fre) | Résumé : |
Historien, sociologue, économiste, mais également homme politique, Ibn Khaldoun a servi les grandes dynasties du Maghreb au 14e siècle. Il a développé une approche empirique et rationaliste qui fit de lui un fin observateur de son époque.
«Ibn Khaldoun était un homme de son époque ; pourtant, il n’était pas comme les autres hommes de son époque (1). » En avance de plusieurs siècles sur ses contemporains dans l’analyse des réalités politiques et sociologiques, il n’en reste pas moins un homme pétri de la pensée arabo-musulmane du 14e siècle.
Ibn Khaldoun est une figure aux multiples facettes : bien que sa méthodologie soit rationnelle et empreinte de sa formation de juriste, il est également attiré par la mystique soufie. Empirique dans son étude des sociétés, de leur économie et de leur organisation politique, il est aussi pétri par la théologie islamique médiévale. Formé aux mathématiques, il n’a pas délaissé la littérature et la poésie. Grand voyageur s’inscrivant dans la tradition des récits d’explorateurs du monde arabe (2), à l’instar d’Ibn Jubayr ou d’Ibn Battuta, c’est pourtant dans l’immobilité de ses périodes de retraite qu’il travaille le mieux à ses œuvres.
Ibn Khaldoun est un personnage complexe, combinant au savoir encyclopédique d’un scientifique les talents politiques de celui qui a occupé à de nombreuses reprises des postes de pouvoir auprès de plusieurs dynasties. Étudier sa pensée et sa vie, c’est se plonger dans les luttes de pouvoir entre familles régnantes du Maghreb du 14e siècle, à la confluence des questions tribales, religieuses et politiques. L’essor et le déclin des grandes dynasties arabo-musulmanes sont parmi ses sujets de réflexion favoris (3). C’est en cherchant à comprendre son siècle, fait de troubles et d’instabilité politique, du Maghreb jusqu’à Damas, que le savant va élaborer un modèle d’étude des sociétés, dans une approche globale ayant influencé une partie de la sociologie actuelle. Résolument moderne, il est parmi les premiers penseurs du monde arabe à distinguer clairement ce qui a trait à la foi, la révélation ou la croyance, de ce qui concerne le savoir rationnel.Ibn Khaldoun adopte une perspective historique, mais là où nombre de ses prédécesseurs et contemporains se limitaient à une forme d’historiographie et de recension des événements et des personnages qui ont fait l’histoire, lui s’attache à comprendre et expliciter leur causalité : « (l’histoire) consiste à méditer, à s’efforcer d’accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits, à connaître à fond le pourquoi et le comment des évènements. » Ailleurs dans la Muqaddimah, il définit l’histoire en tant que discipline comme étant « l’étude de la société humaine, autrement dit la civilisation universelle. Elle se préoccupe de ce qui a trait à la nature de la civilisation : la vie non civilisée, la vie sociale, les particularismes claniques et les dynamiques par lesquelles un groupe en vient à en dominer un autre. » L’innovation d’Ibn Khaldoun est de chercher à lier l’histoire à la pensée politique et sociale. | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
[article] Ibn Khaldoun - Pionnier des sciences humaines dans le monde arabe [Chapitre d'ouvrage] / Raphaël Buisson-Rozenstauch . - 2023 . - p. 49-54. Langues : Français ( fre) in Sciences humaines > 355 (Février 2023) . - p. 49-54 Résumé : |
Historien, sociologue, économiste, mais également homme politique, Ibn Khaldoun a servi les grandes dynasties du Maghreb au 14e siècle. Il a développé une approche empirique et rationaliste qui fit de lui un fin observateur de son époque.
«Ibn Khaldoun était un homme de son époque ; pourtant, il n’était pas comme les autres hommes de son époque (1). » En avance de plusieurs siècles sur ses contemporains dans l’analyse des réalités politiques et sociologiques, il n’en reste pas moins un homme pétri de la pensée arabo-musulmane du 14e siècle.
Ibn Khaldoun est une figure aux multiples facettes : bien que sa méthodologie soit rationnelle et empreinte de sa formation de juriste, il est également attiré par la mystique soufie. Empirique dans son étude des sociétés, de leur économie et de leur organisation politique, il est aussi pétri par la théologie islamique médiévale. Formé aux mathématiques, il n’a pas délaissé la littérature et la poésie. Grand voyageur s’inscrivant dans la tradition des récits d’explorateurs du monde arabe (2), à l’instar d’Ibn Jubayr ou d’Ibn Battuta, c’est pourtant dans l’immobilité de ses périodes de retraite qu’il travaille le mieux à ses œuvres.
Ibn Khaldoun est un personnage complexe, combinant au savoir encyclopédique d’un scientifique les talents politiques de celui qui a occupé à de nombreuses reprises des postes de pouvoir auprès de plusieurs dynasties. Étudier sa pensée et sa vie, c’est se plonger dans les luttes de pouvoir entre familles régnantes du Maghreb du 14e siècle, à la confluence des questions tribales, religieuses et politiques. L’essor et le déclin des grandes dynasties arabo-musulmanes sont parmi ses sujets de réflexion favoris (3). C’est en cherchant à comprendre son siècle, fait de troubles et d’instabilité politique, du Maghreb jusqu’à Damas, que le savant va élaborer un modèle d’étude des sociétés, dans une approche globale ayant influencé une partie de la sociologie actuelle. Résolument moderne, il est parmi les premiers penseurs du monde arabe à distinguer clairement ce qui a trait à la foi, la révélation ou la croyance, de ce qui concerne le savoir rationnel.Ibn Khaldoun adopte une perspective historique, mais là où nombre de ses prédécesseurs et contemporains se limitaient à une forme d’historiographie et de recension des événements et des personnages qui ont fait l’histoire, lui s’attache à comprendre et expliciter leur causalité : « (l’histoire) consiste à méditer, à s’efforcer d’accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits, à connaître à fond le pourquoi et le comment des évènements. » Ailleurs dans la Muqaddimah, il définit l’histoire en tant que discipline comme étant « l’étude de la société humaine, autrement dit la civilisation universelle. Elle se préoccupe de ce qui a trait à la nature de la civilisation : la vie non civilisée, la vie sociale, les particularismes claniques et les dynamiques par lesquelles un groupe en vient à en dominer un autre. » L’innovation d’Ibn Khaldoun est de chercher à lier l’histoire à la pensée politique et sociale. | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
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