Résumé : | Parmi les processus de décisions collectives, le consensus est, de fait, le plus utilisé dans les instances consultatives à l’œuvre dans les domaines des soins et de la santé publique. Toutefois, le consensus semble être davantage un processus qu’une procédure : aucune méthodologie du consensus n’est définie avant la conduite de cette démarche. La contribution s’efforce tout d’abord de montrer que le consensus désigne aussi bien trois étapes d’un processus que ce processus total lui-même. Elle présente ensuite les faiblesses et les limites de cette démarche (pluralisme et fragmentation, adhésion charismatique à la communauté, déresponsabilisation et aliénation de l’individu). Elle expose enfin les conditions de fondation d’une procédure de décision par consensus : l’explicitation des routines dans lesquelles est ordinairement mobilisé l’ensemble des convictions d’un groupe (lieux communs, valeurs, croyances) ; l’invention de règles secondaires délimitant le champ des normes qui feront l’objet du consensus ; l’ajustement de ces normes à la situation nouvelle en cohérence avec la routine antérieure. La décision par consensus est donc un mouvement herméneutique de re-saisie des pratiques de la collectivité par elle-même. |