[article] in Kinésithérapie scientifique > 592 (Novembre 2017) . - 5-11 Titre : | Rééducation après maladie de dupuytren opérée : gérer la « flare reaction » | Type de document : | article de périodique | Auteurs : | François Moutet, Auteur ; Alexandre Forli, Auteur ; Denis Corcella, Auteur | Année de publication : | 2017 | Article en page(s) : | 5-11 | Langues : | Français (fre) | Descripteurs (mots clés) : | [Thésaurus Mesh]:M:Maladie de Dupuytren:Maladie de Dupuytren / rééducation et réadaptation [Thésaurus Mesh]Maladie de Dupuytren
| Résumé : | La « flare reaction », littéralement traduit par « réaction inflammatoire », correspond à la présence d'une inflammation ostensible perdurant au-delà du délai normal de 3 semaines post-chirurgicales après une cure de maladie de Dupuytren
« Flare reaction » à J+30
La physiologie de la cicatrisation des tissus cutanés et sous-cutanés est aujourd’hui bien connue. Plusieurs phases vont se succéder les unes après les autres. La première correspond à la réponse vasculaire, tout de suite suivie par la phase inflammatoire caractérisée par un érythème associé à un œdème. Classiquement, cette phase inflammatoire se met en place dans la semaine qui suit la chirurgie et dure environ 3 semaines.
Dans le cadre post-chirurgical d’une cure de Dupuytren, la particularité de cette phase inflammatoire est que sa durée est imprévisible et indéterminée... Elle peut effectivement durer 3 semaines. Mais elle peut malheureusement tout aussi bien s’étaler sur une période de plusieurs semaines, voire quelques mois.
Une étude britannique [3], basée sur une revue de la littérature publiée sur 20 ans, montre que la présence de cette inflammation persistante est relativement courante. Elle affecte en moyenne 10 % des patients opérés pour un Dupuytren.
Le souci est que l’œdème persistant, le caractère variable de la coloration de la peau (tantôt rouge, rosée, tantôt blanche ou marbrée...) et la raideur générée par l’œdème peuvent nous induire en erreur. En effet, il est facile de confondre cette inflammation avec une algodystrophie modérée (Syndrome douloureux régional complexe de type 1 - SDRC1) [4] qui est « la complication majeure et redoutable de la maladie de Dupuytren » [5]. Cependant, il n’en est rien ; nous savons aujourd’hui que ce sont deux syndromes bien distincts. De là , la prise en charge rééducative ainsi que les perspectives de résultats sont totalement différentes.
Pour distinguer et désigner cette symptomatologie particulière [6] qui n’est pas une algodystrophie, les anglo-saxons utilisent depuis les années 1950 le terme « flare reaction » [7].
McFerlane [2], dans les années 1990 a largement insisté pour qu’on ne fasse pas la confusion entre ces deux pathologies « I draw your attention to the socalled flare reaction. Some people say this is a type of RSD, or it is the beginning of RSD, but I do not believe that is the case... ».
Cette « flare reaction » a été très bien définie par Rivlin [8]. Il la caractérise de la sorte : « A disproportionate degree of reactive erythema, stiffness, and edema in the postoperative period ».
Pour McFerlane, ce qui permet de distinguer clairement cet état de « flare reaction »(ou pseudo-algodystrophie) et de faire le diagnostic différentiel avec une algodystrophie, c’est la douleur. En effet, l’algodystrophie « vraie » génère des douleurs mécaniques et inflammatoires quasi permanentes, auxquelles s’ajoutent des réveils nocturnes alors que l’état de « flare reaction » n’engendre aucune douleur.
En rééducation, le patient se laisse mobiliser passivement sans jamais décrire de gêne douloureuse (excepté si les mobilisations sont outrageantes).
Aujourd’hui, les critères de Budapest permettent de distinguer le SDRC1 de la « flare reaction » [9].
Cette « flare reaction » ne présente pas toujours le même niveau d’intensité. Cela peut aller d’une inflammation peu intense et localisée au doigt opéré, à une inflammation majeure débordant au-delà des doigts opérés. Roselyne Evans a d’ailleurs classifié l’intensité de cette inflammation en 3 stades qui vont globalement d’une inflammation mineure à majeure [1].
La conclusion de cette observation montre que seul l’œdème est le véritable frein de la mobilisation dans le cadre d’une « flare reaction ». À lui seul, il forme l’obstacle qui empêche de mobiliser les articulations dans des amplitudes complètes. Le rééducateur doit donc concentrer toute son action et ses moyens à lutter contre cet œdème et ses conséquences. En effet, l’œdème qui persiste dans le temps est un véritable piège. À cause des protéines qui le constituent, s’il n’est pas drainé et évacué, il risque de se transformer en fibrose. On s’expose alors au danger de revenir au point de départ, c’est-à -dire se retrouver avec les doigts en griffes, ou bien, positionnés en rectitude sans possibilité de les fléchir.
Alors, comment lutter contre les effets de la « flare reaction » en rééducation ? La marche à suivre est aujourd’hui bien codifiée. Elle s’appuie sur deux piliers fondamentaux que sont la kinésithérapie et les orthèses [10-13]. | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
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