Résumé : | Tout d’abord, pour faire référence à l’histoire, il convient sans doute de préciser que cette pratique des packs dans notre service d’hospitalisation longue durée est ancienne mais, initialement, qu’elle s’est adressée plus particulièrement à des patients psychotiques, autour de la problématique du morcellement du corps qui pouvait en constituer une indication classique.
Assez progressivement, selon le temps probablement d’une levée d’appréhension liée à l’ambivalence de pouvoir se tenir si près d’un tel corps fragile, selon les orientations médicales évidemment, nous nous sommes interrogés sur la pertinence d’utiliser ce soin pour les jeunes filles souffrant de troubles des conduites alimentaires dont l’image corporelle est si démonstrativement perturbée.
La crainte manifeste qui nous arrêtait était bien sûr celle d’un état somatique trop précaire pour supporter le froid de l’enveloppement, alors que les patientes pour lesquelles les packs nous paraissaient les plus indiqués étaient souvent les plus maigres, avec un BMI extrêmement faible et, donc, des constantes effectivement trop basses pour « rentrer » dans une telle prescription. Nous en sommes venus, dans un premier temps, à proposer cette technique en fin d’hospitalisation, ce qui a constitué une importante expérience institutionnelle. Nous voulons d’ailleurs confier ici, non pas une expérimentation au moyen des patients mais, sur la base d’un savoir-faire déjà éprouvé, l’élargissement des indications d’une pratique et, soutenue de la supervision, sa perception non traumatique par les soignants autant que, relié à l’ensemble évidemment du tissu du reste des soins, le vécu positif par les patientes ayant éprouvé cette nouvelle prescription. Pour celles-ci, cette technique nous a paru d’ailleurs aussi intéressante quant à sa visée établie du travail sur le corps, l’élargissement représentatif de son image notamment concernant ses limites, que comme accompagnement d’une sortie (une autre limite) la plus souvent vécue avec forte appréhension. Nous nous rappelons par exemple cette patiente qui nous aura suggéré de proposer l’enveloppement thérapeutique à toutes les jeunes filles proches du terme de leur hospitalisation comme si le gain à différemment ressentir la limite corporelle permettait d’amortir l’angoisse liée à cette limite institutionnelle.
Cependant… nous continuions à imaginer l’effet positif des packs pour des patientes autrement en difficulté dans leur évolution, très amaigries ou bien enferrées dans des moments de stagnation, alors qu’elles étaient encore loin de leur poids de sortie, férocement prises par l’idée de vouloir encore et toujours maigrir, se pensant souvent énormes. Ce percept très allégué nous l’interprétions comme un trouble des limites, premier, ancien et longtemps silencieux, et cherchions à nous autoriser pour sa cure un soin autre que comportemental, également différent des médiations thérapeutiques habituelles : la voie de l’enveloppement restait désignée. Nous avons eu l’idée d’une petite innovation, laquelle avec le recul paraît très mince, aussi mince que le drap du pack peut-être, mais qui représentait beaucoup : encore une fois, un chemin de penser et de pratique pour nous autoriser à modifier une technique selon un sens qui nous paraissait ouvrir un nouveau champ de possibles. Il s’est agi, tout simplement, de remplacer les draps froids et humides par des draps chauds et secs puis de procéder au même rituel d’enveloppement qui paraissait ainsi tolérable pour certaines jeunes filles encore très maigres.
Ce mouvement étant retracé, nous pouvons nous poser sur un exemple : celui d’une jeune fille à qui fut prescrite cette série de packs chauds, ensuite une série de packs froids puis, en fin d’hospitalisation, une troisième série comme un accompagnement à sa sortie. |