Résumé : | Nous allons vous raconter une histoire, l’histoire. C’est notre tour, pour une fois. À chaque fois que nous parlons, c’est pour dire, pour raconter une histoire. Que ce récit paraisse ancré dans la réalité, soit crédible, il n’en reste pas moins que cette vérité a structure de fiction. C’est dire que nous nous présentons face au lecteur comme psychodramatisants. Même si cela passe par l’écriture, nous ne savons pas (ou jamais en totalité) ce que nous écrivons, ni ce que nous jouons.
C’est donc l’histoire de l’Épichodrame, c’est l’histoire du psychodrame dans l’institution, du psychodrame psychanalytique et du psychodrame institutionnel.
Il y a bien longtemps, il était une fois un hôpital de jour, qui avait été fondé et qui avait commencé à travailler en équipe, en groupe de professionnels, autour d’un psychodrame, d’un psychodrame instituant. Voilà le psychodrame originaire !
En effet, pendant sa première année d’existence, Michel Soulé, appelons-le le créateur (car c’est de son souffle, de son inspiration que l’idée de l’hôpital de jour avait germé), avait proposé pour accompagner les premiers pas de ce jeune équipage d’organiser un psychodrame individuel avec la participation de l’ensemble des professionnels. Cela veut dire que ces derniers – les premiers pourrait-on dire – sont entrés en relation avec du jeu, par le jeu, en tant que cothérapeutes, d’un psychodrame de l’institution, qui comprenait aussi la place d’exception du créateur, qui leur donnait comme formation commune le psychodrame. Et qui après l’avoir dirigé, après avoir mené le jeu, au bout d’une année se retire.
Quelles sont les conséquences de cette première mise en jeu – et nous allons là retrouver des éléments essentiels de la psychothérapie institutionnelle ? C’est qu’il n’est plus possible pour cette équipe de confondre le statut, la fonction et le rôle. Accepter de jouer un rôle, c’est accepter de remettre en cause, en mouvement, sa fonction et son statut. C’est donc un remède thérapeutique contre la paranoïa institutionnelle. C’est faire un pas de côté par rapport à l’identification à se prendre pour, le statut ou la fonction qui nous sont dévolus. Car accepter de se mettre en jeu, c’est éprouver en acte quelque chose de notre division, de la division du Sujet entre l’Autre et l’autre, entre sujet de l’énoncé et sujet de l’énonciation. C’est accepter la mise en jeu du fantasme et de la complexité du champ des identifications, dans le transfert. |