contenu dans : évaluation, développement et facteurs de risque / Isabelle RoskamTitre : | Chapitre 10 L’éducation de l’enfant difficile | Type de document : | Chapitre d'ouvrage | Auteurs : | Jean Christophe Meunier, Auteur ; Isabelle Roskam, Auteur | Pages : | p. 209-229 | Langues : | Français (fre) | Descripteurs (mots clés) : | [Thésaurus Mesh]Éducation de l'enfant [Thésaurus Mesh]Pratiques éducatives parentales [Thésaurus HELB]:Paramédical:Troubles du comportement
| Résumé : | Depuis de nombreuses décennies, les recherches ont mis en évidence le rôle joué par les parents en tant que vecteur développemental essentiel pour les enfants (Parke, 2004). Ces recherches adressent une série de questions importantes : « quel type d’éducation produit pour quel développement optimal? », « quelles caractéristiques possède un parent compétent? », « qu’est-ce qu’être un bon parent? », « les enfants sont-ils tous aussi faciles à éduquer? »… Longtemps, les études ont été réalisées avec le présupposé que les « bons parents » produisaient de « bons enfants » et, corollairement, que certains parents s’y prenaient mal au point de faire de leurs enfants des enfants difficiles ou inadaptés. Logiquement donc, ces études ont recherché les caractéristiques associées à la notion même de parent compétent et celles associées à la notion de parent défaillant. Elles ont conduit à l’émergence de diverses typologies permettant de catégoriser les parents selon le fait qu’ils étaient plus ou moins démocratiques ou chaleureux dans leurs rapports éducatifs avec l’enfant (Durning, 1995). Cette vision normative a connu un revirement important dans les années 1970 à la suite de travaux remettant en cause la direction de la causalité. Bell (1968) fut l’un des premiers à questionner l’interprétation selon laquelle les parents produisaient de « bons » ou de « mauvais » enfants selon leurs caractéristiques éducatives. Les études menées jusqu’alors étant exclusivement de type corrélationnel, l’interprétation des résultats pouvait être renversée : des enfants difficiles engendrent chez leurs parents des comportements éducatifs inadéquats. Se montrer chaleureux et démocratique avec un enfant obéissant est en effet plus naturel et aisé qu’avec un enfant agité, agressif ou colérique. Avec ce type d’enfant, la plupart des parents recourent intuitivement à des comportements contrôlants et coercitifs visant à ce que l’enfant se conforme aux limites fixées unilatéralement. À cette même époque, l’analyse systémique a montré le danger de chercher des causalités linéaires et a mis en évidence les causalités circulaires.La notion de compétence parentale est aujourd’hui conçue comme un construit multidimensionnel fait de composantes comportementales (comment agir avec mon enfant sur le plan éducatif), affectives (comment construire des relations de confiance avec mon enfant)et cognitives (comment me sentir compétent(e) pour éduquer mon enfant) (Coleman & Karraker, 1998). Dans le cadre du programme de recherche « H2M Children », une attention toute particulière a été donnée aux aspects comportementaux et cognitifs de la compétence parentale. Les comportements constituent la dimension la plus observable de l’éducation assurée par les parents. Elle se situe concrètement au niveau des interactions entre le parent et l’enfant. Les comportements parentaux sont reconnus comme étant les plus influents sur le développement de l’enfant (Rothbaum & Weisz, 1994). Les aspects cognitifs ne se situent pas au niveau des observables mais bien au niveau des pensées. Il s’agit de représentations que chaque parent se construit à propos de ce qu’est « un bon parent », de son propre rôle parental, de sa capacité à l’assumer et à y rencontrer les succès escomptés. Ces représentations guident le parent sur ce qu’il convient ou non de faire avec l’enfant pour atteindre les objectifs éducatifs qu’il s’est fixés.Dans le cadre de ce chapitre, l’étude des comportements éducatifs servira de point de départ pour cerner l’influence parentale sur les comportements externalisés du jeune enfant. Les comportements parentaux seront abordés d’une part pour leur influence sur un enfant en particulier (approche interfamiliale) et d’autre part pour leur valeur relative en considérant les différences de traitement parental entre les enfants de la fratrie (approche intrafamiliale). À l’instar de Bell (1968) dans une perspective de causalité circulaire ou réciproque, les comportements parentaux seront envisagés à la fois comme un facteur causal du comportement de l’enfant et comme une conséquence possible du comportement de l’enfant. Ensuite, l’importance des cognitions parentales, en particulier le sentiment de compétence parental, sera abordée. Les liens entre le sentiment de compétence parental, les comportements éducatifs parentaux et les comportements difficiles de l’enfant seront tour à tour envisagés. Enfin, la manière dont les traits de personnalité de l’enfant modèrent l’influence de l’éducation donnée par les parents sur le comportement de l’enfant sera explicitée. Ce mécanisme est désigné sous le terme de susceptibilité différentielle (Belsky, 1997). | Permalink : | https://bibliotheque.helb-prigogine.be/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id= |
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